Depuis l'apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, et qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".
Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d'Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Dernières cibles en date, les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabè, ont été frappés lundi soir par des assaillants motorisés et très lourdement armés pour certains.
Commises "par des éléments peuls armés", ces attaques ont fait 41 morts, selon un document interne de l'ONU obtenu mercredi par l'AFP, alors que le gouvernement malien avait fait état d'un bilan de 38 morts et de "nombreux blessés".
Selon la note de l'ONU, elles ont entrainé "le déplacement de 750 personnes" vers la localité voisine de Dinagourou, et d'autres vers le Burkina tout proche.
Populations apeurées
"Un contingent des forces de défense et de sécurité a été dépêché sur les lieux pour sécuriser les populations et leurs biens, et traquer les auteurs de ces attaques", a indiqué le gouvernement.
"C'est une bonne chose si ça se réalise", a réagi auprès de l'AFP un élu local, selon qui "les populations ont évidemment peur".
Lors d'un déplacement dans le village dogon de Sobane Da, proche de Bandiagara, où une attaque le 9 juin avait fait 35 morts dont 24 enfants, le président Ibrahim Boubacar Keïta a notamment annoncé l'interdiction de la circulation des motos dans plusieurs localités de la zone.
Un fonctionnaire retraité habitant dans la région, Amidou Maïga, s'étonnait dès lors que les assaillants aient pu arriver "à plus de 100 motos" malgré ces restrictions.
Agent de sécurité à Bamako, Abdoulaye Goro a quant à lui été intercepté près des villages alors qu'il se rendait en camion aux funérailles de son père.
Selon lui, les assaillants ont accusé les habitants de ces deux villages d'avoir collaboré avec l'armée lors d'une opération au cours de laquelle de nombreux Peuls avaient été arrêtés.
Embuscade
"Ils ne cherchaient que les habitants de Yoro et Gangafani". Ils les "identifiaient", puis "ils les ont tués devant nous, avec des fusils", a-t-il raconté à l'AFP. Il a évoqué une "vengeance ciblée", lui-même ayant pu repartir libre car natif d'une autre localité, a-t-il dit.
Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit.
Malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes dans le nord du Mali, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques.
Dans la région de Tombouctou (nord), une patrouille est tombée mardi dans une embuscade. Cinq soldats maliens ont été tués, selon les informations de l'ONU, alors que les autorités avaient évoqué des "pertes humaines et matérielles", sans donner de bilan précis.
Depuis 2015, les violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger.
Au Burkina, à Béléhédé, soit à une cinquantaine de kilomètres de Yoro, 17 personnes ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi lors d'une attaque jihadiste, a annoncé le ministre burkinabè
de la Défense Chériff Sy.
Et au Niger, deux policiers avaient été tués et deux blessés mardi soir lors de l'attaque d'un poste de police à l'entrée de Niamey.
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La double attaque à Ouagadougou revendiquée par un groupe jihadiste
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