Leur cible: l'immense gisement de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, près de Cologne, charbon brun bon marché et très polluant exploité sur de vastes surfaces par le groupe RWE.
Depuis lundi, tentes et hamacs sont édifiés à Viersen, près du site minier, pour accueillir et nourrir en plats vegan près de 6.000 personnes venues de Madrid, Paris ou Varsovie en bus ou en covoiturage.
A partir de vendredi, ces militants prêts à l'action illégale veulent déferler par milliers sur ce terrain à l'ambiance lunaire, vêtus de combinaisons blanches, se faufiler entre les milliers de policiers et occuper le site ou perturber l'approvisionnement par le rail des chaudières voisines.
"La lignite est la plus sale des énergies fossiles, nous devons arrêter de la brûler", quitter à bloquer "de nos propres corps les puits et leurs machines d'extraction diaboliques", annonce auprès de l'AFP Tadzio Müller, l'un des chefs de file du mouvement Ende Gelände qui organise cette action.
Frustration croissante
En 2018, avec d'autres associations, ce groupe spécialiste de la "lutte contre les acteurs du réchauffement climatique" avait stoppé l'extension d'un autre site minier de RWE, qui menaçait la forêt de Hambach occupée par les activistes.
Dans une rare convergence entre action légale et illégale, le jeune mouvement Fridays for Future attend de son côté 20.000 collégiens, lycéens et étudiants pour une "manifestation européenne" vendredi, dans la ville toute proche d'Aix-la-Chapelle, suivie le lendemain d'un "soutien" aux occupants de la mine, qui a été adopté par vote électronique par une majorité des membres de Fridays for Future.
De l'avis des organisateurs, le rapprochement entre Ende Gelände et Fridays for Future doit permettre à ces nouveaux défenseurs du climat de passer à la vitesse supérieure, après des mois de mobilisation dans les villes d'Europe et une poussée écologiste aux Européennes.
"Nous sommes encore paternalisés, on ne se sent pas pris au sérieux. Les gens s'impatientent" et sont tentés par "l'action", constate Helena Marschall, 16 ans, coresponsable de Fridays for Future à Francfort. "S'il n'y a pas de réaction des politiques (...), alors la frustration va se développer".
Chez Ende Gelände, composé de trentenaires plus aguerris au militantisme, on dit "tendre la main aux jeunes" sans pour autant les appeler à une action de blocage périlleuse pour eux.
L'idée, ce n'est pas qu'un mineur finisse en garde à vue", confirme la lycéenne de Fridays for Future. "Il y a plusieurs façons de participer, cuisiner, aider dans le camp, et c'est tout aussi important".
Police impuissante
La police locale allemande essaie de son côté, depuis des semaines, de dissuader les jeunes de rejoindre leurs aînés plus radicaux. Elle a notamment fait passer des messages d'avertissement auprès des lycées de la région, a rapporté la presse. Mais face à l'ampleur de la mobilisation, elle reconnaît son impuissance.
"Nous ferons tout notre possible pour empêcher l'entrée dans la mine, mais il y a des points que nous ne pourrons pas couvrir", a reconnu vendredi face à la presse Dirk Weinspach, le chef de la police d'Aix-la-Chapelle.
Selon Tadzio Müller, qui milite pour le climat depuis douze ans, ce sujet ne serait jamais devenu "la priorité politique et sociale" révélée par le scrutin européen sans la mobilisation récente "des gamins et des étudiants".
Mais pour lui, seule l'action directe "peut pousser la classe politique à prendre des décisions", elle "qui dit en permanence qu'elle fait ce qu'elle peut, mais qui ne fait rien".
Le gouvernement allemand, déjà assuré de manquer ses objectifs climatiques pour 2020, a certes programmé en début d'année l'abandon du charbon d'ici 2038, alors qu'il représente encore près de 40% de sa consommation d'électricité.
Mais pour les défenseurs de l'environnement, cette échéance est encore trop tardive, et ne s'accompagne pour l'heure d'aucun calendrier précis pour la fermeture des centrales et des mines concernées.
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