Le parquet national financier (PNF) a requis une peine à la hauteur de "l'atteinte à la démocratie" qu'il reproche au maire LR de cette commune cossue de l'ouest parisien: sept ans de prison ferme, son incarcération immédiate, dix ans d'inéligibilité et la confiscation de tous ses biens.
Patrick Balkany et son épouse Isabelle sont soupçonnés d'avoir caché 13 millions d'euros d'avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuses villas, Pamplemousse aux Antilles et Dar Guycy à Marrakech: une affaire devenue "un symbole de l'impunité des puissants" et de "la lenteur de la justice en matière de grande délinquance économique et financière".
La défense ne manquera pas de s'insurger à nouveau contre la tentation de l'exemplarité judiciaire contre un homme devenu "l'incarnation du mal absolu" et contre qui on a requis "ce que parfois on ne requiert pas dans les crimes de sang" selon son avocat Eric Dupond-Moretti.
Sidérant la salle d'audience par sa gouaille culottée, Patrick Balkany, 70 ans, a affronté les cinq semaines de procès sans son épouse et première adjointe Isabelle, 71 ans, en convalescence après une tentative de suicide début mai.
Le PNF a requis quatre ans avec sursis et 500.000 euros d'amende contre elle, qui a "reconnu une faute" en admettant - même tardivement - avoir acquis grâce à un héritage familial la villa antillaise en 1997, via une société constituée au Liechtenstein par une fiduciaire suisse.
"Nous plaidons coupable pour emploi de fonds successoraux non déclarés", a déclaré lundi son avocat Pierre-Olivier Sur, saluant le "courage" d'une femme "en souffrance", choquée par le "climat de haine" rencontré sur les réseaux sociaux "comme si cette affaire était un symbole d'un monde passé qu'il fallait définitivement détruire".
- "Pacte de corruption" -
Le couple a en revanche toujours nié détenir le riad de la palmeraie, acquis en janvier 2010 par une SCI marocaine, elle-même détenue par une société écran panaméenne aux titres au porteur. Et ce, en dépit des peignoirs brodés aux initiales "PB", des livres dédicacés, des meubles payés par Isabelle Balkany et livrés dans la villa saharienne.
L'accusation affirme que Patrick Balkany s'est fait offrir cette villa par le milliardaire saoudien Mohamed Al Jaber en échange de délais de paiements pour les Tours de Levallois, un projet immobilier de 800 millions d'euros dont 243 millions de droits à construire, qui n'a finalement pas abouti.
S'ils se sont parfois violemment opposés à l'audience, Patrick Balkany et Mohamed Al Jaber se sont accordés pour nier tout "pacte de corruption".
Le PNF voit au contraire un "lien incontestable entre l'acquisition de la maison et le contrat immobilier de Levallois", notamment à travers la "chronologie éclairante" des versements du promoteur saoudien précédant des délais de paiement accordés par la ville.
Le parquet a donc requis quatre ans de prison dont deux avec sursis contre le milliardaire, pour avoir "sciemment corrompu un élu de la République", et la même peine de prison contre l'avocat Arnaud Claude, présenté comme "le pilote de l'opération" marocaine. Une amende de 150.000 euros a été réclamée contre le seul promoteur.
Pour la défense, rien ne tient dans ce dossier. Les avocats du milliardaire saoudien, Hervé Temime et Flavie Hannoun, ont pilonné une procédure "lamentable" et une accusation qui n'a pas apporté "la moindre preuve d'un pacte de corruption" comme l'y oblige "la loi en vigueur" de 2007.
Ils ont décortiqué le contrat des Tours de Levallois pour démontrer que le promoteur n'avait pas été favorisé et remonté la piste des virements bancaires qui lui sont imputés pour affirmer qu'il n'était à l'origine d'aucun. Ce dernier point pourrait être âprement discuté par la défense de Patrick Balkany, qui soutient avoir cherché une villa "clinquante" pour Mohamed Al Jaber.
Après les dernières plaidoiries, la parole sera donnée une dernière fois aux prévenus. Puis le jugement sera mis en délibéré, probablement en septembre.
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