L'ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères de Mme May, tenant d'un Brexit dur, a terminé largement en tête du 2e tour de scrutin mardi pour l'élection du chef des tories - qui deviendra Premier ministre. Il a récolté 126 voix des députés conservateurs sur 313.
Loin derrière lui, le chef de la diplomatie Jeremy Hunt a recueilli 46 voix, devant le ministre l'Environnement Michael Gove (41), celui du Développement international Rory Stewart (37) et enfin de l'Intérieur Sajid Javid (33). En revanche, Dominic Raab, fugace ministre du Brexit, a échoué à réunir les 33 voix nécessaires pour passer au troisième tour.
Et après cette vicoire, Boris Johnson est parvenu à conserver son calme et à ne pas faire de gaffe dans un débat télévisé d'une heure contre ses adversaires sur la BBC.
Johnson, qui fête ses 55 ans ce mercredi, ne s'était pas présenté à un premier débat dimanche et ses apparitions médiatiques sont savamment orchestrées dans cette campagne où il fait figure de favori depuis le début.
"Nous devons sortir (de l'Union européenne) le 31 octobre parce que sinon je crains que l'on devra faire face à une catastrophique perte de confiance vis à vis de la politique", a-t-il affirmé lors du débat mardi soir. "Je crois que les Britanniques en ont vraiment ras le bol".
Mais ni lui ni les autres candidats n'ont levé la main quand on leur a demandé s'ils pouvaient "garantir" un Brexit d'ici le 31 octobre, date-butoir pour parvenir à un accord.
Hunt, l'alternative "sérieuse"
Deuxième des deux premiers scrutins, Jeremy Hunt veut lui incarner l'alternative "sérieuse" face à l'exubérant Boris Johnson, en mettant en avant ses succès d'entrepreneur, qui ont fait de lui un multi-millionnaire, et sa longue carrière politique.
Rory Stewart constitue l'invité surprise de cette course au pouvoir. Arrivé quatrième, il a dépassé de quatre voix le poids lourd du gouvernement Sajid Javid.
Très réactif sur Twitter, sa popularité a grandi ces dernières semaines. C'est le seul candidat à s'opposer à une sortie sans accord de l'UE.
Lors du débat sur la BBC, MM. Hunt et Gove ont tous les deux affirmé qu'un nouveau report du Brexit pourrait être nécessaire si un accord de sortie était à portée de main.
A l'issue du 3e tour de scrutin mercredi, il n'y aura plus que quatre candidats en lice, et il n'en restera que deux jeudi après deux nouveaux votes.
Les deux finalistes seront ensuite départagés par les 160.000 membres du parti conservateur le mois prochain, le vainqueur devenant le nouveau Premier ministre.
La mise en oeuvre du Brexit sera la priorité du nouveau chef du gouvernement. Incapable de mettre en oeuvre la sortie de l'UE, Theresa May a démissionné le 7 juin de ses fonctions de chef du Parti conservateur, près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 qui avait vu les Britanniques voter à 52% en faveur de ce divorce historique, le premier dans l'histoire de l'Union européenne.
Ambition dévorante
Après trois rejets successifs par les députés de l'accord de retrait qu'elle a négocié avec Bruxelles, censé organiser une séparation en douceur, Theresa May a été contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, initialement programmé pour le 29 mars.
Jouant la carte de sauveur de la sortie de l'UE, et de rempart contre la progression du Parti du Brexit de l'europhobe Nigel Farage, Boris Johnson veut sortir de l'UE fin octobre, accord renégocié ou pas.
Politicien habile et charismatique à l'ambition dévorante, "BoJo", comme il est surnommé, jouit du soutien de nombreux militants de la base du Parti conservateur, mais ses gaffes à répétition et son discours flirtant avec le populisme agacent ses pairs, comme lorsqu'il menace de ne pas payer la facture du Brexit - estimée entre 40 et 45 milliards d'euros par Londres - jusqu'à ce que l'UE accepte de meilleures conditions de retrait.
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