"Le tribunal lui a accordé le droit de parler pendant cinq minutes (...) Il est tombé sur le sol dans la cage des accusés (...) et a été immédiatement transporté à l'hôpital" où il est décédé, a indiqué le parquet général égyptien dans un communiqué.
"Il est arrivé à l'hôpital à exactement 16H50 et il n'y avait pas de nouvelles blessures visibles sur le corps", a-t-il précisé.
Selon la télévision d'Etat, Mohamed Morsi est mort "à cause d'un arrêt cardiaque".
L'ancien président, en détention depuis juillet 2013, comparaissait lundi au sein du complexe pénitentiaire de Tora dans le sud de la capitale égyptienne.
Interrogé par l'AFP, l'un de ses avocats, Abdelmoneim Abdel Maksoud, a déclaré: "nous n'avons même pas pu le voir au tribunal à cause des parois de verre blindé (du box) insonorisé. Mais d'autres détenus nous ont fait signe qu'il n'avait plus de pouls".
"Je l'ai vu emporté sur une civière dans le complexe judiciaire" de la prison de Tora, a-t-il ajouté, précisant que ni lui ni la famille du président défunt ne savait vers quel hôpital il avait été emmené.
Selon Me Maksoud, Mohamed Morsi sera enterré à Medinat Nasr, un quartier de l'est du Caire, "mais on ignore toujours quand".
"Le tuer à petit feu"
Dans un message posté sur Facebook, Ahmed, le fils de M. Morsi a confirmé la mort du président déchu.
Le Parti de la liberté et de la justice de M. Morsi, le bras politique des Frères musulmans, a parlé d'un "assassinat", dénonçant dans un communiqué de mauvaises conditions de détention dont "le but était de le tuer à petit feu".
En mars 2018, une commission britannique indépendante avait condamné son maintien à l'isolement 23 heures par jour, dans des conditions de détention pouvant "relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant".
"Le refus d'un traitement médical de base auquel il a droit pourrait entraîner sa mort prématurée", avait déclaré devant le Parlement britannique le député Crispin Blunt, président de cette commission.
Le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan, allié de l'ancien président islamiste, lui a rapidement rendu hommage en le qualifiant de "martyr". L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a lui exprimé "sa profonde tristesse".
Selon Jonathan Schanzer, du cercle de réflexion Foundation for Defence of Democracies (FDD), "étant donné les circonstances, Mohamed Morsi sera considéré comme un martyr. Et les théories du complot autour de sa mort vont certainement prospérer".
Mais selon ce dernier, "les Frères musulmans resteront moribonds en Egypte. Et ils resteront affaiblis dans le reste de la région".
Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a demandé aux autorités une "enquête immédiate" sur la mort de M. Morsi, qualifiée de "profondément choquante".
Répression sans merci
L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a également réagi. Sa directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson, a dénoncé sur Twitter "l'échec du gouvernement à lui accorder des soins médicaux adéquats, encore moins des visites de sa famille".
Le leader islamiste était emprisonné depuis sa destitution par l'armée. Il avait été jugé par la suite dans plusieurs affaires dont un dossier d'espionnage au profit de l'Iran, du Qatar et de groupes comme le Hamas à Gaza. Il a été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires, incitation à la violence contre des manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar. Il était aussi jugé dans deux autres procès après l'annulation de deux verdicts prononcés contre lui - une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité.
Le mouvement islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne s'est dit en deuil après la mort de M. Morsi.
L'ancien président égyptien avait également été accusé de fomenter des actes de terrorisme.
"Il y a eu une pause entre deux séances pour des affaires différentes (...) Ils avaient juste terminé la séance concernant l'affaire d'espionnage", a dit à l'AFP une source judiciaire lundi après l'annonce de la mort de l'ancien président.
Depuis sa destitution, son tombeur et ancien ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sissi a mené une répression sans merci contre l'opposition islamiste et en particulier les Frères musulmans, dont des milliers de membres ont été emprisonnés.
Plusieurs d'entre eux sont décédés en détention.
Après la destitution de Morsi, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi en quelques mois. Des centaines ont été condamnés à mort, dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente".
Après l'annonce de la mort de M. Morsi, la télévision égyptienne, soutien du régime actuel, a diffusé en boucle des images de violences et d'attentats, accusant les Frères musulmans de "terrorisme" et de "mensonge".
Les campagnes médiatiques contre la confrérie, et contre la Turquie et le Qatar qui la soutiennent, sont récurrentes en Egypte.
Les années qui ont suivi le coup de force de l'armée en Egypte ont vu une succession d'attaques visant les forces de l'ordre.
Des centaines de policiers et militaires ont été tués, en même temps qu'émergeait une véritable insurrection jihadiste localisée dans le nord-Sinaï, devenu un bastion du groupe Etat islamique.
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