L'accord-cadre, appelé à structurer les relations entre les trois pays autour du projet SCAF, a été paraphé par les ministres française des Armées, Florence Parly, et allemande de la Défense, Ursula Von der Leyen, aini que leur homologue espagnole Margarita Robles, sur le stand de l'industriel Dassault.
Il signe officiellement l'arrivée de Madrid dans ce projet qui marquera une étape importante dans le tortueux cheminement vers une défense européenne, idée chère à Emmanuel Macron, et potentielle pomme de discorde entre le Vieux continent et les Etats-Unis soucieux d'écouler en Europe leurs produits militaires.
"Ce projet prend désormais une dimension résolument européenne: l'Espagne a rejoint officiellement le programme ce matin", s'est félicitée Mme Parly. Selon son entourage, "c'est la preuve que la volonté européenne d'avoir une base industrielle en Europe capable de relever le défi des industries chinoise, russe, américaine, se matérialise".
La maquette grise à l'échelle un a été dévoilée en présence du président français Emmanuel Macron. Avec des lignes effilées et une aile delta, elle esquisse les possibles traits du futur chasseur (NGF, Next Generation Fighter), au cœur du "système de combat aérien du futur" (SCAF), destiné à remplacer les actuels Rafale et Eurofighter d'ici à 2040.
Face à la forte concurrence américaine, ce projet constitue un test crucial pour l'industrie de défense européenne. Il est la pièce maîtresse de la stratégie pour assurer "la souveraineté européenne dans le secteur clé de la défense", explique ainsi l'Elysée.
Les industriels Eric Trappier pour Dassault Aviation et Dirk Hoke pour Airbus ont remis leur offre commune. Reste pour Paris et Berlin à annoncer le lancement des études de recherche et développement pour un montant de 150 millions d'euros sur deux ans, destinées à jeter les bases d'un démonstrateur d'ici 2026.
Initié en 2017, le SCAF est conçu comme un système associant avion de combat de nouvelle génération, drones, futurs missiles de croisière et drones évoluant en essaim. Il sera connecté à des avions, des satellites, des systèmes de l'OTAN et des systèmes de combat terrestres et navals.
"Cette étape aujourd'hui, c'est pour clairement montrer la volonté des trois pays de vouloir faire ce programme, des deux leaders Airbus et Dassault de vouloir avancer dans ces domaines là, a expliqué Eric Trappier à des journalistes. C'est aussi pour montrer qu'en moins d'un an, on est capables de présenter des propositions à nos ministères de la Défense. Les progrès sont très rapides."
"Ce projet peut être la colonne vertébrale de l'industrie de défense en Europe à l'avenir", a complété Dirk Hoke. "C'est un immense projet" avec des opportunités pour toutes les compétences, équipementiers en Europe".
Le premier de ces "arrangements d'application" couvre les études d'architecture lancées en janvier, d'un montant de 65 millions d'euros, et dont cette maquette est le premier résultat.
D'autres pays européens intéressés
"L'étape qui suit, c'est la recherche et technologie (R&T), les premiers travaux pour avoir des démonstrateurs et un premier avion qui vole en 2026".
Les contrats de démonstrateurs arriveront plus tard, mais le projet est sur des rails, assure-t-on au ministère des Armées.
Les travaux se feront autour de cinq axes, dont l'avion et les premières briques du démonstrateur qui volera en 2026, sous la responsabilité de Dassault et Airbus.
Un deuxième axe sera le "système de systèmes" et la connectivité, avec Airbus et Thales en maîtres d'oeuvre. Airbus et le missilier MBDA travailleront sur les "effecteurs déportés", les drones destinés à démultiplier l'efficacité du SCAF.
Enfin, il y aura les travaux de simulation (Airbus et Thales), et ceux du moteur (Safran et l'allemand MTU).
D'ici 2025, l'enveloppe prévue est de l'ordre de 4 milliards d'euros, entre la France (2,5 milliards) et l'Allemagne pour le reliquat. Mais à terme, ce sera une répartition à 50/50.
L'Espagne devrait y participer à terme, et "quand ce sera le cas, on reverra cette règle du 50/50", indique-t-on au ministère.
Selon l'entourage de Mme Parly, "d'autres pays ont manifesté leur intérêt" pour rejoindre le projet.
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