Fort d'un avantage technique indéniable sur les trois autres voitures de la catégorie reine LMP1 encore en piste, seul un incident technique pourrait encore priver de la victoire la voiture N.7 de Conway/Kobayashi/Lopez ou la N.8 d'Alonso/Buemi/Nakajima, séparées par environ une minute et demie.
L'entrée dans le dernier quart de la course marquera pourtant paradoxalement le début d'une montée progressive de la tension au sein de l'équipe nippone.
C'est la période où, après près de 280 tours de circuit, machines et pilotes commencent à être passablement éprouvés et où la défaillance mécanique ou humaine guette.
La SMP Racing N.11 conduite par le Belge Stoffel Vandoorne a ainsi profité d'une erreur de l'Américain Gustavo Menezes au volant de la Rebellion N.3 pour remonter sur le podium, mais à 4 tours des leaders.
"L'écart (entre les Toyota, ndlr) est plutôt mince et beaucoup de choses peuvent encore arriver même si je suis satisfait du déroulement des évènements jusqu'ici", avait commenté le pilote japonais Kazuki Nakajima au lever du jour.
Les interventions de la voiture de sécurité et le jeu des ravitaillements avaient permis quelques chassés-croisés entre les deux voitures soeurs pendant la nuit, maintenant un suspense sur l'identité du vainqueur.
Alonso encore frustré ?
L'équipage de la N.7 est bien décidé à priver leurs équipiers de la N.8 d'un doublé au Mans après leur victoire de l'an dernier.
Un résultat qui serait une nouvelle frustration pour l'Espagnol Fernando Alonso, qui n'avait pas pu défendre son rêve d'une "Triple Couronne" (Championnat du monde de F1, 24 heures du Mans et 500 Miles d'Indianapolis) en mai en étant recalé aux qualifications pour la légendaire épreuve américaine.
Pour le double champion du monde de F1, ce serait aussi un au-revoir amer au circuit de la Sarthe, où il ne compte pas venir l'an prochain pour poursuivre d'autres projets qui pourraient bien se situer du côté du rallye-raid Dakar.
La victoire au classement du Championnat du monde des pilotes, assurée s'il finit dans les huit premiers, serait une maigre consolation, le titre des constructeurs étant, lui, déjà promis à Toyota.
La nuit aura été fatale à de nombreux concurrents, puisqu'il ne restait plus que 50 voitures en course à 9H00 (07h00 GMT) sur les 61 --un nombre record-- qui avaient pris le départ.
Dans les autres catégories, la bataille était incertaine en LMP2 entre l'Aurus du G-Drive Racing de l'équipage Rusinov/Van Uitert/Vergne et la Signatech-Alpine de Lapierre/Negrao/Thiriet, même si les premiers avaient 12 tours de retard sur les leaders et les seconds presque 13.
Suspense dans les "petites" catégories
En GT PRO, la catégorie souvent la plus disputée de la course mancelle, la Corvette N.63 de Magnussen/Garcia/Rockenfeller venait de prendre la tête à la Ferrari de Calado/Guidi/Serra, avec 32 boucles de moins que la Toyota de tête. Ces deux voitures et les deux Porsche officielles de Bamber/Pilet/Tandy et Bruni/Lietz/Makowiecki se tenaient en moins de 25 secondes.
Dans la dernière catégorie réservée aux pilotes amateurs qui font les beaux jours de l'épreuve sarthoise, c'est la Keating Motorsport de Keating/Bleekemolen/Fraga qui menait la danse, avec 37 tours de moins que les deux Toyotas.
Mais le cavalier seul des voitures japonaises, en 2018 et cette année, montre la nécessité pour les organisateurs de la course de trouver une nouvelle formule relançant l'intérêt des constructeurs, depuis le retrait ces dernières années d'Audi puis de Porsche qui a laissé le champ libre à Toyota qui sera encore là l'an prochain, même sans Alonso.
Une nouvelle catégorie, les "Hypercars", va faire son apparition en 2021. Leur carrosserie évoquera davantage celle des voitures hyper-sportives de rêve même si leur technologie restera proche des actuelles LMP1. Toyota et Aston Martin ont déjà fait savoir qu'ils y aligneraient des bolides. Mais son intérêt dépendra surtout de sa capacité à attirer aussi d'autres grands noms comme Ferrari, Porsche, McLaren, désireux de se mêler à la lutte en tête au classement général et pas seulement dans les catégories inférieures.
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