C'est souvent dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures. Celles qui seront servies samedi renvoient vers un passé pas si lointain, du milieu des années 1990 à la fin de la décennie 2000, où Rouge et Noir et Jaune et Bleu ferraillaient à quatre reprises pour s'adjuger, sur un match, le titre de champion.
Le Stade Toulousain l'a emporté à chaque fois (1994, 1999, 2001 et 2008). Depuis, rien. Le fruit du hasard, d'abord, puis de la lente déliquescence du club le plus titré du rugby français qui, depuis son 19e Bouclier de Brennus, en 2012, n'a plus humé le parfum de la Seine-Saint-Denis, dépassé par la concurrence et ses propres insuffisances lors de la fin de règne, en eau de boudin, de Guy Novès.
Son successeur arrivé en 2015, Ugo Mola, a mis grosso modo trois saisons à redresser la maison toulousaine, aidé par l'arrivée à la présidence, en 2017, de Didier Lacroix.
En retrouvant des fondations solides, après avoir touché le fond au printemps 2017 justement (absence de la phase finale pour la première fois depuis 1976): primauté de nouveau donnée à la formation et à la vitesse derrière. Une recette plus que saupoudrée d'une férocité retrouvée devant, et d'un recrutement de nouveau payant.
En 2017 toujours, Clermont décrochait son deuxième titre de champion, après celui de 2010, pour définitivement décoller son sparadrap de perdant magnifique (14 finales perdues, championnat et Coupe d'Europe confondus).
Pluie de records
Depuis, l'ASM aussi a dû se reconstruire, après une saison 2017-2018 calamiteuse où, dans la foulée de son sacre, elle a manqué la phase finale pour la première fois depuis 2006.
Avec en elle de la colère mais sans faire de vagues, en misant sur la stabilité (seulement trois recrues), pour signer une saison jusqu'ici quasi parfaite, déjà agrémentée d'un titre, le Challenge européen remporté le 10 mai contre La Rochelle (36-16).
Les Toulousains n'ont eux pas ramené de trophée, chutant en demi-finales de la Coupe d'Europe face au Leinster (30-12), mais ont pulvérisé les records en France: d'invincibilité (14 matches d'octobre à avril), de points au classement (98) et d'essais (102). Seul celui du nombre de points terrain leur a échappé, tombé dans l'escarcelle des Auvergnats (828).
Aussi, retrouver Toulousains et Clermontois en finale relève d'une certaine logique, quand bien même c'est la première fois, depuis 2009-2010 et l'instauration de barrages avant les demi-finales, que les numéros 1 et 2 de la saison régulière s'affrontent en finale.
Les deux plus gros pourvoyeurs du XV de France, aussi. Les chiffres promettent un feu d'artifice, un an après Castres-Montpellier, rendez-vous moins appétissant, comme le jeu proposé par les deux équipes et les forces en présence.
Le dernier match entre les deux équipes, remporté 47-44 par Toulouse à la mi-avril, avait donné le ton. Mais il s'agira cette fois d'une finale, qui permettra, à l'une ou l'autre, de devenir la seule équipe à trois Boucliers de Brennus dans l'actuelle décennie.
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