Les cours du pétrole ont continué de grimper en Asie au lendemain de l'attaque jeudi contre deux tankers près du détroit d'Ormuz, un passage maritime stratégique à l'échelle mondiale, près d'un mois après des attaques contre quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Emirats arabes unis.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a accusé l'Iran, ennemi juré des Etats-Unis, de vouloir perturber le marché mondial. "Le gouvernement des Etats-Unis estime que la République islamique d'Iran est responsable des attaques (jeudi) en mer d'Oman".
"Que les Etats-Unis aient immédiatement sauté sur l'occasion pour lancer des allégations contre l'Iran, fait apparaître en pleine lumière le fait que (Washington et ses alliés arabes) sont passés au plan B: celui du sabotage diplomatique et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l'Iran", a dit le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif.
Son ministère a jugé "sans fondement" les accusations de Mike Pompeo et rappelé que l'Iran, "responsable d'assurer la sécurité dans le détroit d'Ormuz", était venu en aide aux navires en détresse et avait "sauvé" leur équipage.
Le commandement central américain (Centcom) a publié une vidéo en noir et blanc montrant ce qu'il présente comme une patrouille iranienne "retirant une mine qui n'a pas explosé" d'un des navires au large des côtes iraniennes.
"Objet volant"
Les autorités maritimes norvégiennes ont parlé d'une attaque, en rapportant trois explosions à bord du pétrolier "Front Altair", propriété de la compagnie Frontline, cotée à la Bourse Oslo. Aucun membre d'équipage n'a été blessé.
Le second navire, le Kokuka Courageous, un méthanier, a essuyé des tirs mais tout l'équipage a été sauvé après l'abandon du navire, et sa cargaison de méthanol est intacte, selon son opérateur japonais, Kokuka Sangyo.
Selon des propos rapportés par le patron de la société propriétaire du tanker, l'équipage a signalé avoir vu un "objet volant" viser l'embarcation. "Puis il y a eu une explosion et il a été percé".
Les attaques répétées contre les tankers et les installations pétrolières dans le Golfe risquent de perturber l'approvisionnement du marché mondial et de provoquer un conflit armé impliquant l'Iran, estiment des analystes.
Téhéran et Washington sont pris dans une dispute à hauts risques depuis le retrait unilatéral en mai 2018 de l'administration Trump de l'accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran. Sans oublier les invectives et les menaces réciproques des derniers mois ainsi que les renforts militaires américains dans la région.
Jeudi, M. Zarif avait jugé hautement suspecte la coïncidence entre les attaques contre ces navires et la visite inédite en Iran du Premier ministre japonais Shinzo Abe qui a clamé la volonté de son pays de tout faire pour faire baisser les tensions irano-américaines.
L'Iran a aussi rejeté à l'ONU "dans les termes les plus forts" les accusations de l'ambassadeur américain Jonathan Cohen qui a rendu responsable l'Iran des attaques en évoquant une "sophistication" et le type de bombes utilisées selon lui.
Le pétrole en hausse
Il y a juste un mois, les Etats-Unis avaient accusé l'Iran d'être "très vraisemblablement" derrière les sabotages le 12 mai de quatre pétroliers au large des Emirats arabes unis, ce que Téhéran avait aussi nié.
Une enquête multinationale avait conclu à la responsabilité probable d'un "acteur étatique" mais aucune preuve ne permet à ce stade de dire qu'il s'agit de l'Iran, avaient dit les Emirats, un allié de l'Arabie saoudite, rival de l'Iran dans la région.
Vendredi, les Emirats ont dénoncé une "dangereuse escalade" après les attaques contre les deux pétroliers en mer d'Oman.
Le même jour, les prix du pétrole ont bondi en Asie à la menace d'un conflit ouvert autour du détroit d'Hormuz, par lequel transitent quelque 15 millions barils par jour de brut.
Vers 04H45 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juillet, gagnait 21 cents à 52,49 dollars dans les échanges électroniques. Le baril de Brent, référence européenne, pour août, progressait de 44 cents à 61,75 dollars.
"Nous sommes dans un moment dangereux dans la région avec ce modèle émergent d'attaques", a indiqué Elizabeth Dickinson, analyste principal à International Crisis Group. "Toute erreur de calcul ou de malentendu risque de conduire vers une confrontation plus directe".
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