Le Premier ministre prononce à partir de 09h30 une autre version de sa déclaration politique générale, qui a été approuvée mercredi à l'Assemblée par 363 députés (163 voix contre et 47 abstentions), une majorité légèrement moins large qu'en juillet 2017.
Si l'article 49-4 de la Constitution a été utilisé sur d'autres textes au Sénat, c'est la première fois qu'une déclaration de politique générale est soumise à un vote dans une Chambre haute tenue par l'opposition.
Une simple marque de "respect", jure Matignon. Mais qui pousse aussi le Sénat, contrôlé par LR, à clarifier sa position vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
Le chef de file des sénateurs PS Patrick Kanner fustige "une logique assez malsaine d'instrumentalisation du Sénat: on veut capter les hésitations, affaiblir les groupes politiques", à neuf mois des municipales.
La remarque vaut surtout pour la droite qui traverse une crise existentielle après la débâcle aux Européennes.
Si la majorité observera à la loupe le vote de l'ensemble des 348 sénateurs, elle s'intéressera ainsi d'abord à celui des 144 parlementaires LR, qui dominent la chambre devant le PS (72), l'Union centriste (51), et les groupes LREM (23), RDSE à majorité radicale (23), CRCE à majorité communiste (16) et Indépendants (13).
Face au risque de division entre ceux tentés par un vote contre et ceux préférant l'abstention, Bruno Retailleau, président du groupe LR, a appelé mercredi soir ses troupes à s'abstenir, alors qu'à l'Assemblée 81 des 104 députés LR se sont prononcés contre.
"Piège"
"On n'est pas obligé de tomber dans un piège", a-t-il insisté, une position partagée par le président LR du Sénat, Gérard Larcher.
"Le Sénat a une responsabilité particulière, il ne peut pas renverser le gouvernement et son rôle est d'améliorer les textes qui lui sont présentés", a ajouté le sénateur de Vendée.
Ce choix a le don de ménager la cohérence de la majorité sénatoriale, les centristes ayant opté pour une "abstention bienveillante", avec une partie de votes favorables.
Devant les députés mercredi, Edouard Philippe a reconnu aller au Sénat "sans penser revenir avec une majorité". Mais ce discours "sera l'occasion pour le gouvernement de détailler le chapitre territorial de l'acte II et le vote permettra à chacun de se prononcer et à nous tous d'y voir plus clair", a-t-il ajouté.
"Le paradoxe de la situation, c'est qu'il n'a rien à perdre", analyse un ami du locataire de Matignon. "Personne ne titrera sur le Premier ministre en échec au Sénat. La pression est sur les sénateurs: soit ils votent contre par principe collectif, soit il y en a qui s'abstiennent ou éventuellement votent pour."
Mais le principal enjeu lié aux équilibres politiques du Sénat s'est éloigné mercredi: le Premier ministre a en effet reporté sine die l'examen de la révision constitutionnelle. Jusqu'au "moment propice", et sans doute après les sénatoriales de septembre 2020, où LREM espère gagner du terrain avec ses nouveaux élus aux municipales de mars.
Gérard Larcher a affirmé ne pas comprendre ce qu'il a qualifié de "renoncement" du gouvernement. "La volonté d'aboutir du Sénat a été constante et maintes fois réaffirmée", a assuré M. Larcher, estimant que "le Sénat ne saurait porter la responsabilité de ce report".
Le Premier ministre devrait par ailleurs détailler jeudi les intentions du gouvernement en matière de territoires et d'élus locaux, avant de se rendre vendredi à Albi pour le congrès de Villes de France, qui réunit les maires des villes de taille moyenne.
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