Les deux surveillants ont été pris en otages au moment des repas entre 18H30 et 19H00 par Francis Dorffer, selon une source proche du dossier.
Sur place, une unité du Raid est arrivée peu avant 22H00 dans trois hélicoptères, a constaté un photographe de l'AFP.
D'après Emmanuel Baudin, secrétaire régional FO pénitentiaire, le détenu retenait deux surveillants, dont une stagiaire, dans une coursive de cette prison qui abrite des détenus particulièrement dangereux, radicalisés ou posant des problèmes de discipline.
Peu avant minuit il a libéré le surveillant, tandis que la surveillante stagiaire était toujours otage, a-t-on appris de source proche du dossier.
Selon plusieurs syndicats de surveillants, Francis Dorffer, né en 1984, est un "coutumier" des prises d'otage. Il est classé "DPS" (détenu particulièrement signalé), selon le ministère de le Justice, et connu pour des troubles psychiatriques.
M. Baudin a indiqué à l'AFP que "le détenu n'est pas radicalisé" et que "visiblement il a une arme artisanale, un pic". "Il n'est pas incarcéré pour des faits de terrorisme", précise le ministère dans un communiqué.
Incarcéré depuis l'âge de 16 ans dans une vingtaine de prisons différentes après des condamnations pour vols, viol et assassinat d'un codétenu, Francis Dorffer est aux yeux des personnels de l'administration pénitentiaire le "champion de la prise d'otage carcérale".
Francis Dorffer est associé à au moins cinq autres prises d'otages. En 2006, il avait retenu une psychiatre à la prison de Nancy, en 2009 un surveillant à Clairvaux (Aube), en 2010 un psychiatre à la Santé (Paris) et en 2011 un gardien à Poissy (Yvelines).
"Profil psychiatrique très lourd"
De source pénitentiaire, Francis Dorffer est suivi "pour radicalisation mais au sens très large de la radicalisation. Il n'a absolument rien à voir avec Chiolo. C'est un profil psychiatrique très lourd". Selon cette source, "ses revendications s'affinent sur sa situation familiale, liée à son enfant".
Francis Dorffer est "un détenu qu'on surveillait un peu plus que les autres parce qu'il a un potentiel de dangerosité qui est très élevé", a indiqué Emmanuel Guimaraes, délégué national FO pénitentiaire.
En avril 2018, il a été condamné à Colmar à 12 ans de prison pour avoir pris en otage un surveillant et tenté de s'évader de la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin), en juin 2017, avec deux autres détenus. Ils avaient libéré leur otage et s'étaient rendus le lendemain matin, à 5H30, après de longues négociations.
En raison de son profil de récidiviste, les surveillants ne faisaient "plus attention" à lui, selon M. Guimaraes. "Pour autant, l'administration l'avait classé auxiliaire, c'est-à-dire qu'il avait la possibilité, la charge de distribuer les repas pour les détenus donc il avait des accès à plus de lieux en général".
Le statut de détenu "auxiliaire" est attribué à des "détenus de confiance", selon M. Guimaraes.
Le 5 mars, Michaël Chiolo, qui purgeait une peine de 30 ans de réclusion à Condé-sur-Sarthe pour un crime de droit commun, avait poignardé deux surveillants avec un couteau en céramique. Ce détenu de 27 ans s'était ensuite retranché avec sa compagne pendant près de 10 heures dans une unité de vie familiale de la prison. Après des tentatives de négociations, les forces d'élite de la police avaient lancé l'assaut, blessant l'assaillant et tuant sa compagne Hanane Aboulhana.
Cette nouvelle agression commise par un détenu radicalisé avait provoqué un mouvement de mobilisation dans les prisons françaises et conduit la DAP à renforcer les mesures de sécurité dans l'établissement.
Michaël Chiolo a été mis en examen le 29 avril par un juge antiterroriste. Quatre de ses codétenus à Condé-sur-Sarthe (Orne) avaient déjà été mis en examen le 22 mars, dont Jérémy Bailly, membre de la filière jihadiste de Cannes-Torcy.
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