Quatre syndicats avaient appelé fin mai à cette "journée de mobilisation et de grève nationale", pour "élever le rapport de force" face à la ministre de la Santé.
A Paris, en fin de matinée, une centaine de manifestants étaient rassemblés devant le ministère, dont une majorité de militants CGT, FO, SUD et CFE-CGC, a constaté une journaliste de l'AFP.
A leurs côtés se trouvaient des membres du collectif Inter-Urgences, à l'origine du mouvement parti de la capitale mi-mars et qui n'a cessé de s'étendre depuis: selon cette coalition informelle de soignants, 95 services d'urgences étaient en grève dimanche.
Un nombre plus élevé que jeudi dernier, quand ce collectif organisait sa propre manifestation dans la capitale, réunissant plus de 200 personnes pour réclamer des hausses de salaires et d'effectifs.
Mme Buzyn avait tenté le jour même de désamorcer la crise en promettant une "stratégie d'ensemble" mêlant primes pour les personnels, crédits pour les travaux nécessaires et commande d'un rapport pour l'automne.
Des mesures aussitôt jugées "insuffisantes" par le collectif Inter-Urgences et les syndicats, qui entendent maintenir la pression pour en obtenir davantage.
"Nous ne lâcherons pas le mouvement. Il faut monter en puissance et on le fera", a déclaré à l'AFP Jean-Emmanuel Cabo, le secrétaire général FO aux Hôpitaux de Paris (AP-HP).
"On est soignant pour soigner et on a peur de voir des gens mourir par manque de soin", a-t-il ajouté.
Une délégation devait être reçue en début d'après-midi par le directeur adjoint de cabinet de la ministre de la Santé.
Pour l'urgentiste Christophe Prudhomme, de la CGT-Santé, c'est une certitude: "Cet été il y aura des morts", a-t-il mis en garde, promettant d'"accompagner les familles pour qu'elles portent plainte" et assurant que "Mme Buzyn devra rendre des comptes au tribunal".
"Pas de mesures miracles"
La ministre de la Santé a de son côté défendu son action, qui "ne peu(t) pas se réduire à ce (qu'elle a) annoncé la semaine dernière", explique-t-elle dans un entretien au quotidien Libération paru mardi.
"Les urgences payent lourdement tous les problèmes d'organisation" du système de santé et "il n'y a pas de mesures miracles qui permettraient d'éteindre le feu rapidement", affirme-t-elle.
Mme Buzyn assure que son projet de loi Santé vise notamment à "améliorer l'accueil en ville en amont" et à "ne pas laisser les urgences seules faire face à l'afflux de patients" dans les établissements.
Le texte, adopté fin mars par les députés, a été modifié la semaine dernière par les sénateurs, qui voteront sur cette nouvelle mouture à 16H00.
Mais sur le terrain, cette réforme semble bien éloignée des préoccupations immédiates. "J'ai vu l'hôpital se dégrader parfois, mais là c'est la dégringolade", raconte Andrée, aide-soignante depuis 38 ans à Gien (Loiret).
"Ce qui me peine le plus, c'est l'état de souffrance du personnel soignant", glisse-t-elle.
Ces deux dernières semaines, le mouvement de grève a franchi un palier avec la recrudescence d'arrêt de travail pour échapper aux assignations: à Lons-le-Saunier, puis à Paris (Saint-Antoine, Lariboisière), des médecins et des infirmiers se sont faits porter pâles, poussant les autorités sanitaires à recourir aux réquisitions ou au volontariat des autres soignants.
Pour contenir cette poussée de fièvre, le directeur de l'AP-HP, Martin Hirsch, a promis "des réponses fortes", à commencer par une hausse des effectifs de ses services d'urgence "parallèlement au nombre de patients", et ce "maintenant, en 2019".
Ces renforts se feront via "des embauches supplémentaires, on ne les prend(ra) pas dans certains hôpitaux", a-t-il insisté, tout en soulignant que "les salaires des infirmiers sont inférieurs au salaire moyen du pays" et que "c'est pour ça qu'on doit faire un effort".
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