Comme il y a un an, son ultime victime a été Dominic Thiem. Mais à la différence de 2018, le N.4 mondial a arraché un set à l'Espagnol, victorieux 6-3, 5-7, 6-1, 6-1 en trois heures, bras en croix sur la terre battue parisienne après un dernier retour trop long de l'Autrichien.
La perte de la deuxième manche, seulement son second set lâché au cours de la quinzaine, a comme piqué au vif Nadal. Son adversaire, lui, a sans doute payé aussi sa débauche d'efforts pour venir à bout du N.1 mondial Novak Djokovic en cinq sets et plus de quatre heures à cheval entre vendredi et samedi.
A 33 ans, "Rafa" devient le premier joueur de l'histoire, hommes et femmes confondus, à inscrire douze fois son nom au palmarès d'un même tournoi majeur. Le Majorquin totalise désormais dix-huit couronnes en Grand Chelem et revient à deux longueurs du record détenu par Roger Federer (20).
"Irréel"
"C'est irréel", admire Thiem.
Le nouveau sacre parisien de Nadal étend encore la domination sans partage du "Big Three", qu'il forme avec Federer et Djokovic : le trio a raflé les dix derniers titres majeurs (depuis l'Open d'Australie 2017).
"Il y a très peu de temps, nous ne savions même pas si je pourrais jouer ici, ce trophée signifie énormément pour moi", souligne l'Espagnol.
Car derrière la force de l'habitude, il y a un parcours plus chaotique qu'on ne l'imagine.
Quand, mi-mars, Nadal est trahi par son corps une énième fois, il accuse le coup. "Après Indian Wells (forfait avant sa demi-finale contre Federer, ndlr), mentalement, j'ai eu un gros coup de moins bien. J'ai traversé un moment compliqué. Ca a été vraiment compliqué pour moi de revenir en forme, et de retrouver cette énergie dont j'ai besoin pour jouer, pour faire des choses vraiment bien", confie-t-il début mai.
"Les gens ne s'en souviennent pas parce que j'ai fini la saison N.2 mondial, mais l'année dernière, je n'ai joué que neuf tournois et je ne suis allé au bout que de sept, j'ai dû abandonner à l'Open d'Australie, puis à l'US Open. Ca a été difficile. Mentalement, même si j'ai réussi une grande saison, j'ai dû accepter très souvent des problèmes", rappelle-t-il.
A ce moment-là, "Rafa" enquille en effet blessure sur blessure depuis six mois, depuis son abandon en demi-finales de l'US Open début septembre. Si sa finale à l'Open d'Australie a un effet trompe-l'oeil, son corps le lâche de toutes parts : en bref, genou droit à New York, abdominaux à Paris fin octobre, cheville droite opérée début novembre, cuisse gauche à Brisbane début janvier, main à Acapulco en février, et genou qui grince de nouveau à Indian Wells.
"Du temps pour accepter" ses blessures
"Trop de problèmes. J'ai eu besoin de temps pour accepter ça", résume-t-il.
Mais le temps presse pour Nadal, car la saison sur terre battue, sa surface chérie, se profile alors déjà. Inhabituellement pour lui, elle commence cahin-caha mi-avril avec une défaite en demi-finale à Monte-Carlo (contre Fognini), où il n'est "pas arrivé très bien préparé".
Le tournant a lieu la semaine suivante, à Barcelone.
"Le premier match (victoire 6-7, 6-4, 6-2 contre Mayer), c'était un désastre, probablement le match de ma carrière que j'ai joué avec le moins d'énergie. Après ça, je suis rentré à l'hôtel et j'ai essayé de réfléchir à ce qui se passait en moi et de le régler, raconte-t-il. Le lendemain matin, je me suis réveillé avec une énergie différente. A partir de ce moment-là, j'ai fait des progrès."
Malgré la défaite, son demi-finale contre Thiem dans la capitale catalane lui permet d'identifier des pistes de progrès. A Madrid début mai, il chute aussi aux portes de la finale (contre Tsitsipas) mais affirme "sentir de nouveau cette énergie qui fait la différence", ce qui "n'était pas le cas il y a deux semaines". Puis à Rome, une semaine avant Roland-Garros, il finit par soulever son premier trophée en 2019.
Dans un timing serré, un mois précisément, Nadal a reconstruit match après match sa carapace indestructible ou presque.
Tout au long de la quinzaine de Roland-Garros, il en a fait la démonstration éclatante.
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