C'est une petite ligne dans le communiqué final mais qui a suscité des délibérations longues et "compliquées", d'après des participants. "Le contexte était tendu, les négociations ont pris une trentaine d'heures", confie une source proche des discussions.
"La croissance mondiale semble se stabiliser (...) mais elle reste faible et les risques d'une détérioration demeurent. Surtout, les tensions commerciales et géopolitiques se sont intensifiées", écrivent les ministres des Finances et les dirigeants des banques centrales des pays du G20, réunis ce week-end au Japon.
"Eux contre tous"
La voix dissonante est venue de ceux qui ont bouleversé l'ordre multilatéral : les Etats-Unis, persuadés que le volet commercial n'est pas à blâmer dans le ralentissement économique actuel, face à des partenaires qui brandissent à l'unisson le danger de l'escalade entre Pékin et Washington.
"Je ne dirais pas que c'est eux contre tous les autres mais cela y ressemble beaucoup", a confié devant quelques journalistes le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
"Ce n'était pas une tâche facile, ce n'est pas parfait, mais c'est un bon résultat", a-t-il commenté. "Nous nous sommes efforcés de refléter dans le communiqué notre volonté de combattre le protectionnisme".
"Tous nos débats ont montré la très grande préoccupation sur le risque de guerre commerciale", a confirmé le ministre français des Finances, Bruno le Maire.
Même tonalité du côté de Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). "La principale menace provient des tensions commerciales persistantes", a-t-elle insisté dans un communiqué. "La route devant nous demeure précaire".
La Chine, quant à elle, s'est montrée "discrète" pendant la réunion, selon M. Moscovici.
Le secrétaire d'Etat américain au Trésor Steven Mnuchin a rencontré à Fukuoka le gouverneur de la banque centrale chinoise, Yi Gang, évoquant plus tard sur Twitter une discussion "constructive" et "franche sur les questions commerciales".
Mais, a-t-il prévenu, il ne faut pas attendre d'avancées avant le sommet du G20, prévu pour fin juin à Osaka : c'est au plus haut niveau de l'Etat que les choses vont se jouer, entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping.
Avancées sur les Gafa
En attendant un potentiel règlement du conflit entre les deux premières puissances mondiales, les grandes banques centrales, dont les gouverneurs étaient présents à Fukuoka, sont sur le qui-vive, prêtes à agir si nécessaire, même si leurs marges sont limitées tant elles ont déployé des moyens en masse depuis la crise financière d'il y a 10 ans.
Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a ainsi à nouveau fait état de sa vigilance face aux "incertitudes".
Autre sujet phare de ce G20 Finances, la réforme de la taxation du numérique, et là le consensus a semblé dominer la rencontre même si les pays restent divisés sur la méthode.
Les grands argentiers des économies majeures de la planète ont promis de "redoubler d'efforts" pour "remettre de la justice fiscale sur la scène internationale", selon les propos de Bruno Le Maire.
L'objectif est de parvenir à un accord final d'ici à 2020, une avancée rendue possible par le changement d'attitude des Etats-Unis, qui bloquaient les négociations depuis des années.
Taxer Facebook, Google et autres multinationales du numérique (Gafa) non plus en fonction de la présence physique, de l'endroit où se situent leurs bureaux, mais de là où elles enregistrent leurs revenus : voilà l'idée.
"Il est indispensable" d'instaurer cette fiscalité du numérique, "et tout aussi indispensable d'avoir une fiscalité minimale à l'impôt sur les sociétés (multinationales) pour lutter avec force contre l'évasion fiscale qui révolte à juste titre nos compatriotes", a expliqué M. Le Maire.
Les divergences restent toutefois importantes sur les moyens d'application, Washington privilégiant une approche très large ne se limitant pas au secteur du numérique.
"Bien sûr, il y a encore des problèmes à résoudre mais si nous continuons à ce rythme, c'est faisable", a estimé Pierre Moscovici. "C'est plus que faisable, c'est nécessaire de conclure un accord en 2020".
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