Depuis la débâcle du 26 mai, où leur liste a enregistré avec 8,48% des voix son pire score sous la Ve République, les Républicains s'enfoncent jour après jour dans la crise.
Après la démission de Laurent Wauquiez, le départ de Valérie Pécresse et de plusieurs cadres, l'hémorragie a continué avec le ralliement à Emmanuel Macron de 72 maires et élus locaux de droite et du centre. "Nous voulons la réussite du président de la République et du gouvernement car rien ne se construira sur leur échec", écrivent ces élus dans une tribune dans le JDD.
A LR, on fait remarquer que beaucoup des signataires, dont Christophe Béchu, maire d'Angers, Alain Chrétien, maire Agir de Vesoul, ou François Goulard, président du conseil départemental du Morbihan, avaient déjà pris leurs distances avec LR. On peut "même s'étonner que si peu de maires aient signé malgré les grosses pressions subies, allant jusqu'à la menace", a souligné la porte-parole Laurence Sailliet, dénonçant sur LCI un "racolage électoral".
Il n'empêche que ça reste un nouveau coup de massue pour LR dont l'espace politique, coincé entre LREM d'Emmanuel Macron et le RN de Marine Le Pen, ne cesse de rétrécir depuis deux ans. Sans partager l'appel des 72, Valérie Pécresse y a vu un signe de "l'urgence de construire une droite moderne" qu'elle entend désormais incarner en dehors du parti.
Si la tribune des LR s'inscrit dans le champ de la vaste recomposition du paysage politique, la perspective des municipales de 2020 n'est pas neutre. Pour certains signataires, l'initiative porte l'espoir de ne pas avoir de candidat LREM face à eux en mars prochain dans des communes où la majorité a souvent fait un bon score aux européennes.
Démarchage "totalitaire"
A cet égard, le camp présidentiel va d'ailleurs scruter de près le vote des députés et des sénateurs LR sur la déclaration de politique générale d'Edouard Philippe mercredi.
Du côté de LREM, le ralliement d'élus de droite et du centre offre l'opportunité de muscler un ancrage local encore faible. "Cela met un point final au procès qui a été adressé au macronisme pendant les deux premières années, sur l'idée que nous serions hors-sol, coupés des territoires, coupés des élus", estime le patron des députés LREM Gilles Le Gendre.
En somme un accord gagnant-gagnant au détriment d'un grand perdant: LR.
LREM ne se prive pas de jeter du sel sur les blessures du grand brûlé en multipliant les appels du pied à la droite. Dimanche, la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa ainsi que les députés Laurent Saint-Martin et Olivia Grégoire ont à leur tour encouragé dans une tribune dans le JDD les élus et sympathisants de LR, mais aussi d'EELV, du PS et même du Parti animaliste, à "marcher avec nous".
Un démarchage en règle qui ulcère l'opposition, le patron du PS Olivier Faure jugeant qu'il y a "quelque chose de totalitaire dans la pensée des marcheurs".
Mais LREM n'est pas seul à lorgner du côté de LR. "Une partie de LR a vocation à rejoindre" Marine Le Pen car "aujourd'hui il n'y a plus d'espace" pour la droite classique, insiste l'ex-ministre LR Thierry Mariani qui avait été l'un des premiers à franchir le Rubicon.
Face à ce risque de dépeçage, LR tente de se raccrocher à la tenue à l'automne de la "convention nationale" organisée par le président du Sénat Gérard Larcher et à l'élection d'un nouveau chef en octobre.
Plusieurs cadres du parti ont exprimé leur souhait que le nouveau président du parti ne soit pas le candidat pour la présidentielle 2022. Dans cette optique, le nom de Christian Jacob revient régulièrement. L'expérimenté patron des LR à l'Assemblée a reçu dimanche le soutien du député européen Brice Hortefeux, un très proche de Nicolas Sarkozy.
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