Mais Kassym-Jomart Tokaïev, le successeur que s'est choisi l'ancien chef de l'Etat, qui a démissionné en mars, est quasiment assuré de l'emporter en dépit de la présence de six autres candidats.
Cette journée d'élection aura été marquée par les plus importantes manifestations que cette ex-république soviétique d'Asie centrale ait connues en trois ans.
Les journalistes de l'AFP ont vu les policiers interpeller et conduire dans des véhicules des centaines de personnes dans les deux premières villes du Kazakhstan, Almaty et la capitale Nur-Sultan.
L'un des correspondants de l'AFP a été brièvement interpellé avant d'être remis en liberté, tandis qu'un autre s'est vu confisquer son équipement vidéo.
Deux journalistes de Radio Free Europe/Radio Liberty, Petr Trotsenko à Almaty et Saniya Toiken à Nur-Sultan, ont également été interpellés, puis relâchés, ainsi que Marius Fossum, de l'organisation de défense des droits humains Comité Helsinki norvégien.
L'opposant le plus virulent, l'ancien banquier qui vit maintenant en exil Moukhtar Abliazov, avait appelé à des manifestations dans le pays dimanche.
Plusieurs manifestations avaient émaillé la campagne électorale, provoquant une réponse sévère des autorités qui avaient intensifié la répression contre les médias et les opposants dans les semaines ayant précédé le vote.
- Une illusion -
Dans un communiqué, l'ONG Human Right Watch (HRW) a expliqué que l'idée d'une transition politique était "une illusion" et mis en lumière la poursuite de violations des droits de l'Homme sous la présidence par intérim de M. Tokaïev.
"Les autorités kazakhes interrompent de façon routinière les protestations pacifiques, emmènent de force leurs participants - leur attachant parfois les mains et les pieds - et les sanctionnent en leur infligeant des amendes et de courtes peines d'emprisonnement", dénonce l'ONG.
M. Tokaïev, 66 ans, un ancien diplomate de carrière, affronte six adversaires mais aucun n'est connu du grand public et un seul peut être considéré comme un réel opposant. A l'inverse, le président par intérim a pu compter sur le soutien de nombreuses célébrités et sur les ressources de l'Etat, mises à sa disposition pour sa campagne électorale.
"Je vais voter pour lui parce que je ne connais pas les autres", a expliqué à l'AFP Assya Seïtbekova, 25 ans, qui travaille pour une compagnie de production privée.
Dans la plus grande ville du Kazakhstan, Almaty, un chauffeur de taxi affirmait aussi son intention de voter pour le favori, l'appelant "le candidat le plus fort".
"Un jour, un homme politique plus fort émergera et remplacera le clan de Nazarbaïev et cette personne aura aussi mon vote", a ajouté cet homme de 43 ans, Timour Kozhabergenov.
Marat Sagyndykov, un fonctionnaire à la retraite de 65 ans, a expliqué qu'il avait lui aussi voté pour M. Tokaïev "afin de continuer dans la ligne fixée par le Leader de la Nation", le titre officiel donné à M. Nazarbaïev.
"Je crois qu'en 30 ans, nous avons eu des succès. Il y a eu des choses négatives aussi, mais il y en a dans tous les pays", a-t-il ajouté.
En revanche, Aslan Sagoutdinov, un bloggeur qui a été brièvement arrêté le mois dernier pour avoir brandi une pancarte sans texte en signe de protestation ironique, a dit qu'il ne comptait pas voter.
"Si on vote dans une élection injuste, on leur permet de prétendre qu'elle a été juste", a-t-il expliqué par mail à l'AFP.
Difficile en tout cas de faire aussi bien que l'ancien président kazakh, élu une première fois en 1991 puis réélu à quatre reprises avec des scores dépassant les 80%. En 2015, dans un contexte de difficultés économiques, Noursoultan Nazarbaïev avait obtenu 98% des voix pour un taux de participation de 95%.
Ces élections n'ont jamais été reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux et il est probable qu'il en sera de même pour celle-ci. Selon l'un des deux organismes de sondages autorisés à fonctionner, M. Tokaïev est crédité de près de 73% des voix.
Et le départ officiel de l'ex-chef de l'Etat ne signifie pas qu'il quitte totalement le pouvoir, dans ce pays d'Asie centrale riche en hydrocarbures, puisqu'il reste notamment à la tête du Conseil de sécurité.
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