Le président américain, à peine revenu l'Europe où il avait assisté aux cérémonies du 75e anniversaire du Débarquement en Normandie, s'est chargé lui-même d'en faire l'annonce.
"Les Etats-Unis sont parvenus à un accord signé avec le Mexique. Les tarifs douaniers prévus pour être appliqués lundi par les Etats-Unis, contre le Mexique, sont donc suspendus indéfiniment", a-t-il écrit sur Twitter.
Il a ajouté que Mexico allait prendre "des mesures fortes pour endiguer le flux migratoire" traversant son pays à destination de la frontière sud des Etats-Unis où la police et la douane se disent débordées par le nombre des arrivées.
"Cela va permettre de réduire grandement, ou éliminer, l'immigration illégale venant du Mexique et entrant aux Etats-Unis", a-t-il assuré.
Son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a rapidement salué cet accord, également sur Twitter: "Grâce au soutien de tous les Mexicains, nous avons pu éviter l'imposition de droits de douane sur les produits mexicains exportés aux Etats-Unis".
Le président mexicain a confirmé qu'il se rendrait bien samedi à Tijuana, la ville mexicaine à la frontière de la Californie. Le voyage avait été prévu au plus fort de la crise, il s'agira cette fois de "célébrer" cet accord.
Son ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a remercié de son côté "toutes les personnes qui nous ont aidés à montrer la grandeur du Mexique".
M. Ebrard avait entamé mercredi à Washington les négociations avec plusieurs représentants de la diplomatie américaine. Elles ont finalement abouti vendredi soir après plus de douze heures d'échanges entre les murs du département d'Etat américain.
"Mesures sans précédent"
Le Mexique va prendre des "mesures sans précédent" pour lutter contre l'immigration clandestine, ont affirmé les deux pays dans une déclaration commune.
"Le déploiement de sa Garde nationale à travers le Mexique, en priorité à sa frontière sud", figure parmi ces mesures, précise la déclaration. Le chiffre de 6.000 hommes annoncé jeudi par Mexico n'y figure pas explicitement.
"Le Mexique va aussi prendre des mesures décisives pour démanteler les organisations de passeurs et de trafiquants, ainsi que leurs réseaux illicites de transport et de financement", selon ce texte.
Les Etats-Unis estiment que le Mexique n'en fait pas suffisamment pour contrôler sa frontière avec le Guatemala, au sud de son territoire, et qu'il a laissé se développer sur son sol des réseaux qui acheminent les migrants vers les Etats-Unis.
Ceux-ci viennent essentiellement du Guatemala, du Honduras et du Salvador d'où ils fuient la criminalité et l'insécurité. Et ils ne font que transiter sur le sol mexicain.
Le Mexique devrait aussi accéder à une autre exigence de Washington: tous les migrants venant faire une demande d'asile aux Etats-Unis seront renvoyés au Mexique en attendant qu'elle soit traitée par les tribunaux américains.
Donald Trump menaçait d'appliquer dès lundi des droits de douane de 5% sur tous les produits mexicains, qui auraient pu augmenter progressivement jusqu'à 25% le 1er octobre, si son voisin du Sud ne s'engageait pas à prendre des mesures suffisantes contre l'immigration clandestine.
L'utilisation de l'arme commerciale dans ce dossier avait inquiété les milieux d'affaires, tant les relations économiques sont étroites entre les deux pays. De l'industrie à l'agriculture, les deux économies sont imbriquées et la Chambre de commerce américaine a estimé à 17 milliards de dollars le montant qui aurait été répercuté sur les entreprises et consommateurs américains si les droits de douane avaient été appliqués.
Gestes de bonne volonté
Soucieux d'éviter l'exécution de la menace américaine, Mexico avait dépêché dès le début de la semaine une importante délégation à Washington et multiplié les gestes de bonne volonté.
Les autorités mexicaines s'étaient déjà engagées jeudi à renforcer la surveillance à leur frontière avec le Guatemala, en déployant les gardes nationaux. Elles avaient gelé les comptes bancaires de passeurs présumés et renvoyé une centaine de Honduriens dans leur pays.
Elles avaient aussi bloqué mercredi l'avancée d'un cortège d'environ 1.200 migrants qui venaient d'entrer au Mexique depuis le Guatemala.
Dans l'Etat du Chiapas, dans le sud du pays, des journalistes de l'AFP ont constaté une plus grande présence policière et militaire sur les routes empruntées par les migrants.
Pour le seul mois de mai, 144.000 migrants ont été arrêtés ou refoulés en à la frontière sud des Etats-Unis. Au moment de la prise de fonction de Donald Trump à la Maison Blanche, seuls 20.000 migrants étaient arrêtés chaque mois à la frontière.
Parmi les migrants, figurent de nombreuses familles, parfois aussi des enfants isolés.
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