Si ces steaks hachés ne présentent pas de risque pour la santé, leur distribution a été immédiatement interrompue, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Les steaks ont été distribués à quatre associations (la Croix Rouge, la Fédération française des banques alimentaires, les Restaurants du Cœur et le Secours Populaire) dans le cadre d'un marché financé par le Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD).
L'affaire, révélée par RTL, commence fin mars lorsque plusieurs associations alertent les autorités sur l'aspect étrange des steaks fournis aux plus démunis.
Les contrôles menés par la répression des fraudes sur une quarantaine d'échantillons sont sans appel: aucun ne respecte le cahier des charges du steak haché.
Dans ce produit censé contenir uniquement du muscle de bœuf, le seuil de gras était systématiquement dépassé et le rapport collagène/protéines dépassait également les normes. Lorsqu'il est faible, il indique un steak de bonne qualité.
Des produits exogènes, comme de l'amidon et du soja, ont également été retrouvés.
Tromperie en bande organisée
"Le produit n'est pas dangereux, mais c'est un scandale de donner des denrées frauduleuses. C'est insupportable au regard des personnes que l'on sert", s'est émue Laurence Champier, directrice fédérale du réseau des banques alimentaires.
Ces faits susceptibles d'être qualifiés de tromperie en bande organisée peuvent valoir à leurs auteurs deux ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.
"C'est du pénal, on va transmettre au procureur et il est hors de question que ce type d'attitude se reproduise", a indiqué sur RTL Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, qualifiant cette fraude de "choquante et moralement inqualifiable".
La viande frauduleuse a été fournie aux associations par une entreprise française s'approvisionnant auprès d'un industriel polonais.
Un intermédiaire français a également été identifié. Les noms de ces sociétés n'ont pas été divulgués.
Dans les derniers rapports d'exécution du FEAD, consulté par l'AFP, la société Voldis a fait plusieurs fois partie des entreprises ayant livré des steaks hachés via ce programme, en 2015 et 2016.
Selon une source proche du dossier, cette société fait partie des entreprises citées dans cette affaire.
Vendredi midi, aucun responsable de Voldis n'était disponible pour répondre à l'AFP.
Les dirigeants des deux entreprises françaises ont été entendus par les enquêteurs et les autorités polonaises ont été saisies.
En 2018, ce sont 1.500 tonnes de steaks hachés surgelés qui ont ainsi été achetées, via ce mécanisme, pour un montant de 5,2 millions d'euros.
Dans un communiqué commun, les quatre associations victimes de cette fraude ont annoncé "avoir demandé une compensation financière pour faire face aux frais de stockage engendrés par cette situation".
Selon les autorités, l'entreprise en cause s'est dite prête à reprendre la viande concernée et à la remplacer.
En 2015, les Restos du Cœur avaient retiré des steaks hachés déjà reçus du FEAD de la distribution après des suspicions de présence de salmonelle.
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