Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 2017, l'écrivain, ami de Johnny Hallyday, a été élu au premier tour avec 18 voix.
Les Français avaient découvert le visage de cet intellectuel atypique en décembre 2017 quand il avait rendu hommage à Johnny Hallyday lors de ses funérailles.
"Johnny règne aujourd'hui sur le podium des mythologies françaises, coulé dans le bronze de la dévotion populaire, entre de Gaulle et Tintin", avait déclaré l'écrivain dans son éloge prononcée en l'église de La Madeleine.
"J'avais un lien mystérieux avec Johnny. Car cette amitié n'allait pas de soi", aime souligner l'écrivain à la mèche rebelle et à la voix grave un peu nasillarde.
Leur amitié improbable remontait à la fin des années 1970 quand Daniel Rondeau, jeune journaliste d'une radio locale de Nancy, fut chargé par sa station de réaliser un entretien avec la star.
Après cet entretien, Johnny proposa à Rondeau de dîner avec lui. Dès lors, ils restèrent toujours en contact. La dernière interview de l'idole (pour le journal suisse L'Illustré), en avril 2017, fut réalisée par Daniel Rondeau.
L'écrivain est rarement là où on l'attend. Ancien militant d'extrême gauche (avec les "maos" de la Gauche prolétarienne), il a été "établi" dans plusieurs usines de Lorraine après Mai 68 avec l'espoir de faire surgir la révolution.
En 1979, il publie son premier livre, "Chagrin lorrain", texte poignant sur la vie des mineurs et des sidérurgistes en Lorraine. Rondeau relatera sa propre expérience en usine et la fin de ses illusions révolutionnaires dans "L'enthousiasme" (1988).
Fin de la "malédiction"
Au total, il a publié une trentaine d'ouvrages dont "Alexandrie" (1997) récompensé par le prix des Deux Magots ou encore "Boxing-club" (2016) où il parlait de sa passion pour la boxe, un sport qu'il pratique encore régulièrement.
En 2017, il a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française pour "Mécaniques du chaos", roman décrivant la préparation d'un attentat islamiste en France.
Parallèlement à son activité d'écrivain, il a été également journaliste. D'abord pour Libération puis pour plusieurs autres titres dont le Nouvel Observateur, l'Express, Paris Match...
Éditeur, il a fondé la maison d'édition Quai Voltaire en 1987 avec Gérard Voitey, avant de diriger la collection Bouquins chez Robert Laffont.
Il a été ambassadeur de France à Malte en 2008 (prenant la défense des boat-people de Méditerranée) avant d'être nommé en 2011 délégué permanent de la France auprès de l'Unesco, un poste dont il a démissionné en 2013.
Engagé en faveur du général Michel Aoun au Liban dès la fin des années 1980, il fut l'organisateur du voyage de l'archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger à Sarajevo en 1993. Son engagement en faveur des chrétiens d'Orient est constant.
Daniel Rondeau a résumé la somme de ses engagements dans "La raison et le cœur" (Grasset), paru l'an dernier.
Avant son élection, Daniel Rondeau avait tenté à deux reprises d'entrer à l'Académie française. Il s'était porté une première fois candidat en 2011 (au fauteuil de Pierre-Jean Rémy) puis en 2016 (au fauteuil de René Girard). Il avait alors manqué la majorité pour être élu de trois voix.
Cette élection met également fin à la "malédiction" qui semblait peser sur le fauteuil de Michel Déon.
Les trois dernières élections pour trouver un successeur au fauteuil de l'auteur d'"Un taxi mauve", décédé en décembre 2016, s'étaient soldées par des échecs retentissants malgré des candidats de renom.
L'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, l'ancien président d'Arte Jérôme Clément, l'ancien directeur de la Bibliothèque nationale de France Bruno Racine, l'essayiste Pascal Bruckner, les écrivains Benoît Duteurtre, François Taillandier, Charles Dantzig ou encore l'ancien ministre de l'Éducation Luc Ferry, candidats au fauteuil de Déon, avaient tous été recalés par les Académiciens.
Avec l'élection de Daniel Rondeau, l'Académie française compte désormais 35 membres. Cinq sièges restent à pourvoir dont ceux occupés par François Weyergans et Michel Serres décédés la semaine dernière.
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