"Je dois dire que l'empathie ne jouait pas un grand rôle pour moi à cette époque", a-t-il admis lors de son procès à Oldenbourg, dans le nord-ouest de l'Allemagne.
Il répondait de la mort d'une centaine de personnes. Lui a systématiquement employé le terme "manipulations" pour qualifier ses meurtres par injection de médicaments: il provoquait des arrêts cardiaques sur les patients avant de tenter de les ramener à la vie, le plus souvent sans succès.
Depuis 2015, ce père d'une adolescente est déjà condamné à perpétuité, après avoir été reconnu responsable du décès de six patients.
Mais le nombre réel de ses victimes pourrait être bien plus élevé. La police évoque plus de 200 morts. Selon des codétenus, Niels Högel s'est lui-même sacré "plus grand tueur en série de l'histoire de l'après-guerre".
"Il y a tellement (de victimes) que l'esprit humain capitule devant le nombre", a commenté, à l'annonce du verdict, le président du tribunal d'Oldenbourg, Sebastian Bührmann, la voix chargée d'émotion.
"Vraiment désolé"
Très loquace lors de son procès, cet homme corpulent à la courte barbe noire de 42 ans a cherché à montrer un visage humain.
Sans vouloir justifier ses actes, il a décrit son état de stress dans des services en sous-effectif chronique, une rupture sentimentale "traumatisante" et son recours dans la foulée aux analgésiques et à l'alcool.
Il a finalement demandé le pardon aux proches de ses victimes. "Pour chacun des cas que je lis, peu importe que je m'en souvienne ou non, je suis vraiment désolé", a-t-il dit.
Au cas par cas, il a reconnu 43 meurtres, a dit ne pas se souvenir de 52 cas et a nié toute responsabilité dans cinq décès.
A la façon dont il décline ses souffrances, il donne l'impression d'un "petit tueur en série vulnérable" avait ironisé fin octobre le porte-parole des proches des victimes Christian Marbach, dont le grand père a été tué par l'infirmier.
Pour cerner sa personnalité, le journal local Nordwest Zeitung a interrogé d'anciens professeurs ou camarades de classe. "Sympathique, serviable, amusant", sont les mots qui reviennent.
Né le 30 décembre 1976 à Wilhelmshaven, Niels Högel grandit dans une famille catholique qu'il décrit comme "chaleureuse et stable".
Elève très moyen, il n'ira pas jusqu'au bac mais entame à 16 ans dans l'hôpital de sa ville natale une formation d'infirmier, comme son père et sa grand-mère.
Le jeune homme décroche finalement son diplôme trois ans plus tard et reste travailler sur place, où il laisse le souvenir de quelqu'un de "gentil".
"Rambo de la réanimation"
Une image qui ne colle pas avec celui qui, entre 2000 et 2005, a provoqué des arrêts cardiaques sur des dizaines de patients dans deux hôpitaux.
La façade du "type sympa" s'était déjà fissurée à l'hôpital d'Oldenbourg, où il avait décroché un job fin 1999.
Les réanimations - et les décès - aux soins intensifs se multiplient quand il est de service. Il est poussé à partir fin 2002, avec une bonne lettre de recommandation.
Ce qui lui permet de continuer son carnage à l'hôpital voisin de Delmenhorst, où on le surnomme alors le "Rambo de la réanimation". Jusqu'à juin 2005, quand il est pris en flagrant délit.
Dans son acte d'accusation, le parquet a cité "l'ennui" et son envie de briller auprès de ses collègues comme motivations pour ses crimes. Pour "faire rapidement parti" du groupe, abonde l'accusé.
Les psychiatres ont établi qu'il souffrait d'un sévère trouble narcissique, et avait un besoin maladif de se mettre en valeur.
Quand il parvenait à ranimer des patients, il se sentait apaisé pour quelques jours, selon l'analyse de référence du psychiatre Konstantin Karyofilis. "Pour lui, c'était comme une drogue".
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