L'échec des négociations a entraîné une sanction immédiate des deux constructeurs sur les marchés boursiers. Le titre de Renault décrochait de plus de 7% à l'ouverture à Paris et celui de FCA perdait plus de 3% à l'ouverture à Milan.
Dès le retrait de son offre, FCA a ciblé l'Etat français, actionnaire de Renault, estimant que les "conditions politiques" n'étaient pas réunies en France pour "mener à bien un tel rapprochement".
Une source proche du constructeur italo-américain jeudi matin a été encore plus claire: "la position soudaine et incompréhensible de Bercy" se trouve au cœur de l'échec des discussions, selon elle. "De nouvelles exigences du gouvernement français ont conduit à cette situation dommageable pour toutes les parties", a déclaré cette source à l'AFP.
Le ministre de l'Economie Bruno le Maire s'est pour l'heure contenté de prendre "acte" du retrait de l'offre par FCA.
"Dès la présentation de cette offre, l'Etat, actionnaire de Renault à 15,1%, l'a accueilli avec ouverture et a travaillé de manière constructive avec l'ensemble des parties prenantes", a assuré le ministre dans un communiqué jeudi matin.
Quatre conditions avaient été fixées par le gouvernement, a-t-il rappelé: la réalisation de cette opération dans le cadre de l'alliance entre Renault et Nissan, la préservation des emplois et des sites industriels en France, le respect dans la gouvernance des équilibres entre Renault et FCA, et la participation de ce futur ensemble à l'initiative des batteries électriques engagée avec l'Allemagne.
Selon Bruno le Maire, un accord avait été trouvé sur trois de ces quatre conditions et il restait seulement à "obtenir un soutien explicite de Nissan", lié à Renault via un jeu complexe de participations croisées.
- "Demande de garanties" -
L'Etat a donc réclamé un délai de cinq jours pour s'assurer du soutien de toutes les parties à ce projet de fusion.
"L'Etat français a demandé des garanties. Il a bien fait. Demander du temps pour un mariage, c'est normal", a renchéri le ministre du Budget Gérald Darmanin sur Franceinfo, ne fermant cependant pas la porte à une reprise des négociations. "Aujourd'hui, il faut protéger l'emploi automobile français", a-t-il ajouté.
Cette fusion aurait créé un groupe de plus de 30 milliards d'euros de valorisation boursière, produisant 8,7 millions de véhicules par an.
Le projet prévoyait la création d'une holding basée à Amsterdam et détenue à parts égales par les actionnaires de Renault et FCA.
La famille Agnelli, qui possède 29% de Fiat Chrysler, aurait vu sa part mécaniquement diluée à 14,5%, mais serait restée de loin le premier actionnaire, pesant près du double de l'Etat français qui serait tombé à 7,5% du capital.
Mercredi soir, au siège de Renault, selon une source proche du constructeur, l'ensemble des administrateurs s'était pourtant prononcé en faveur de la fusion, sauf un représentant des salariés affilié la CGT qui s'y est opposé et les deux représentants de Nissan qui comptaient s'abstenir tout en indiquant qu'ils pourraient dire oui "avec un peu plus de temps".
Tenu à l'écart des discussions entre Renault et FCA jusqu'à l'annonce du projet il y a dix jours, Nissan, dont Renault détient 43% du capital, et qui contrôle 15% de Renault, craignait d'être marginalisé dans l'opération mais y voyait aussi des opportunités en matière de partages de technologies.
Les relations au sein du partenariat franco-japonais se sont considérablement tendues depuis l'arrestation en novembre dernier de l'ancien patron emblématique Carlos Ghosn, mis en examen au Japon pour diverses malversations à la suite de dénonciations par des dirigeants de Nissan.
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