Le juge Sebastian Bührmann va probablement prononcer la perpétuité assortie d'une période de sûreté, qui réduit à la portion congrue toute possibilité de libération après 15 ans.
Cela ne changera rien dans le fond pour cet homme corpulent de 42 ans, déjà condamné à la sentence la plus lourde pour six meurtres, car les peines ne sont pas cumulables.
"Je veux sincèrement m'excuser auprès de chacun pour tout le mal que je vous ai fait pendant toutes ces années", a-t-il déclaré mercredi à l'adresse des proches des victimes. Il a dit être "jour et nuit" poursuivi par la "honte" et "les remords".
Pour ce troisième procès, il est accusé d'avoir entre 2000 et 2005 tué par injection médicamenteuse 97 personnes âgées de 34 à 96 ans dans les hôpitaux d'Oldenbourg puis de Delmenhorst.
Par désir maladif de briller, dépendant aux analgésiques, il provoquait des arrêts cardiaques chez ses patients choisis arbitrairement et tentaient de les réanimer, le plus souvent sans succès.
Sans contester une condamnation à perpétuité, la défense a réclamé un non-lieu pour 31 cas, jugeant les preuves insuffisantes. Et 14 autres cas relèvent selon elle de la tentative d'homicide.
"M. Högel et nous mêmes ne nions pas qu'il est coupable dans de nombreux cas. Mais il ne peut être condamné que pour les faits qu'il a commis, et non ceux qu'il aurait pu commettre", a plaidé son avocate Ulrike Baumann.
Plus de 130 exhumations avaient été nécessaires pour constituer le dossier à charge.
Toujours prêt à mentir
Au premier jour du procès fin octobre, le juge avait dit espérer faire "toute la lumière" dans ce dossier.
La tâche s'est avérée impossible, tant l'accusé a semé la confusion.
Après avoir admis globalement les faits, il a reconnu au cas par cas être l'auteur de 43 meurtres, et nié cinq autres. Pour les 52 restants, il ne se souvient plus avoir ou non "manipulé", le terme qu'il emploie pour décrire ses meurtres.
"Cela laisse les gens dans le flou", indique à l'AFP Petra Klein, responsable de l'association Weisser Ring à Oldenbourg, qui a soutenu les familles tout au long d'un procès "éprouvant".
D'autant plus que sa crédibilité est mise en doute. Tout en étant responsable de ses actes, il souffre "d'un trouble narcissique sévère", a déclaré en audience le psychiatre Max Steller.
Il "est toujours fondamentalement prêt à mentir si cela lui permet de se mettre en valeur". Il avait notamment nié avoir "manipulé" à Oldenbourg, puis avoué une fois les faits irréfutablement prouvés.
La police a estimé le véritable nombre de ses victimes à plus de 200. Il ne sera jamais exactement connu, à cause de ses "oublis" et parce que de nombreuses personnes ont été incinérées.
"Amnésie collective"
L'ampleur de l'affaire, dont la justice a tardé à s'occuper, a soulevé surtout la question de la responsabilité des hôpitaux, qui n'ont pas réagi malgré la surmortalité constatée lorsqu'il était de service. Les témoignages d'anciens collègues étaient du coup très attendus.
Si ceux de Delmenhorst ont reconnu avoir eu des soupçons, ceux d'Oldenbourg ont déclaré en bloc ne pas se souvenir en avoir eu le moindre, provoquant l'exaspération du juge face à cette "amnésie collective". Dix d'entre eux font désormais l'objet d'enquête pour parjure ou faux témoignage, selon un porte-parole du Parquet.
Un procès contre des responsables des deux hôpitaux aura lieu plus tard, avec Niels Högel comme témoin.
Pour les proches des victimes, une seule chose importe: "que cet homme ne sorte plus jamais de prison", déclare Petra Klein, rappelant qu'il est déjà incarcéré depuis 10 ans.
L'idée qu'il soit un jour libéré, ce qui avec le droit pénal allemand ne peut être complètement exclu, assure-t-elle, est "pour beaucoup tout simplement insupportable".
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