"J'ai acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra pas se faire à l'intérieur et qu'elle doit se faire à l'extérieur du parti", a expliqué Mme Pécresse au 20H de France 2, avant de poursuivre: "Le parti est cadenassé de l'intérieur, dans son organisation mais aussi dans ses idées".
Après son annonce, deux de ses proches, Florence Portelli et Maël de Calan, ont également annoncé à l'AFP leur départ de LR, ainsi que le député Robin Reda, sur Twitter.
"Je pense qu'aujourd'hui, ça n'est plus possible dans le parti. Tous ceux qui sont aujourd'hui dans le parti, qui sont aux responsabilités dans le parti, y compris les parlementaires, ne souhaitent pas ouvrir une réflexion sur la France d'aujourd'hui", a considéré Valérie Pécresse.
En appelant à "un électrochoc", elle a encore souhaité "tout rénover du sol au plafond en ouvrant les portes et les fenêtres, avec de la société civile, en faisant revenir tous ceux qui sont partis, et ça, aujourd'hui, les Républicains ne le veulent pas".
Figure prometteuse de l'ex-UMP, ministre de Nicolas Sarkozy auteure de la réforme majeure des universités, Valérie Pécresse avait changé de statut à droite en emportant en 2015 les élections régionales en Île-de-France, dont elle devenue la présidente.
Après la débâcle de François Fillon à l'élection présidentielle de 2017, elle avait renoncé à briguer la présidence du parti, mais s'était érigée comme première opposante interne au nouveau patron, Laurent Wauquiez, à qui elle reprochait notamment une ligne politique jugée droitière.
Elle avait alors dû faire face aux sifflets des militants LR lors d'un conseil national en janvier 2018, devant lesquels elle avait exposé sa théorie des "deux droites".
Présidente de "Libres!", un "mouvement d'idées" créé en 2017, Valérie Pécresse s'était par ailleurs récemment affichée avec un autre démissionnaire de LR, Xavier Bertrand.
"Ça fait trois ans que je plaide pour un changement de ligne et un changement de stratégie, j'ai plaidé pour l'élargissement de la droite: on a eu le rétrécissement", a-t-elle fait valoir mercredi sur France 2, en avançant qu'elle avait également "plaidé pour la clarification vis-à-vis de tous ceux qui, aux Républicains, sussurrent qu'on ferait bien d'aller faire une alliance avec l'extrême droite", selon elle, en vain.
"Incompréhensible"
Depuis la crise ouverte par la défaite historique de son parti aux Européennes - 8,48%, le pire score de la droite sous la Ve République - et la démission de Laurent Wauquiez qui s'en est suivie, Valérie Pécresse s'était montrée mardi aux côtés du président du Sénat, Gérard Larcher, lorsqu'il a proposé une "convention nationale de la droite et du centre", laissant penser à d'aucuns qu'elle entendait prendre toute sa part dans la refondation de la formation.
Son départ n'en a provoqué que davantage de stupéfaction chez les caciques du parti, mercredi soir: "Totalement incompréhensible dans son calendrier, son fondement et dans la formule", pour le patron des députés LR, Christian Jacob. "Dans les moments difficiles on ne quitte pas le navire", a répliqué Éric Ciotti.
Le trésorier des Républicains, Daniel Fasquelle, a noté que ce n'était pas "en créant autant de partis qu'il y a de presidentiables que la droite reviendra un jour au pouvoir".
Mais pour une figure des Républicains, Valérie Pécresse n'avait surtout, selon lui, "aucune chance" pour la présidence LR, ce qui expliquerait sa décision de faire cavalier seul.
En visant la présidentielle de 2022? "Si vous voyez en moi l'héritière de Nicolas Sarkozy, je ne peux qu'approuver", a-t-elle glissé mercredi soir sur France 2.
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