Depuis la dispersion du sit-in devant le QG de l'armée lundi, qualifiée de "massacre" par la contestation, des paramilitaires reliés à l'armée, les Forces de soutien rapide (RSF), ont été déployés à travers le pays, notamment à Khartoum.
Ces forces sont accusées par le mouvement de contestation d'être les principaux auteurs de la dispersion par la force des rassemblements, qui a fait "60 morts" et "326 blessés" depuis lundi, selon le dernier bilan du Comité central des médecins, proche de la contestation.
Cette organisation avait toutefois indiqué mardi que le nombre réel des morts était "plus important", seuls les corps recueillis dans les hôpitaux pouvant être comptabilisés selon elle.
Mercredi, plusieurs témoins ont rapporté des bruits de coups de feu à l'AFP dans la capitale soudanaise.
Boutiques au rideau de fer baissé, circulation réduite à une poignée de véhicules: les rues de Khartoum sont quasiment désertes, le jour où le pays célèbre la fête musulmane du Fitr, marquant la fin du mois du ramadan. Seuls quelques fidèles prient dans les rues de la capitale.
L'internet mobile n'est plus accessible depuis lundi, alors que les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans le mouvement de contestation.
Depuis le 6 avril, des manifestants sont réunis devant le QG de l'armée à Khartoum: après avoir réclamé le départ du président Omar el-Béchir, destitué par l'armée le 11 avril et remplacé par un Conseil militaire de transition, ils exigent désormais le transfert du pouvoir aux civils.
"Situation très difficile"
"Parmi les blessés, il y a encore des personnes dans un état grave et je m'attends à ce que le nombre de morts augmente", s'est alarmé un médecin officiant dans deux hôpitaux de Khartoum.
"La situation est très difficile", a-t-il rapporté à l'AFP sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité. "La plupart des hôpitaux ont pris en charge plus de victimes que leur capacité (d'accueil) ne le permet".
Il déplore "un manque de personnel médical" et "une pénurie de sang", précisant qu'"il est difficile d'opérer car certaines opérations ne peuvent être réalisées que dans certains hôpitaux" de la capitale.
Selon le comité des médecins, plusieurs membres du personnel médical ont été "frappés" et "arrêtés" par les forces de sécurité, et plusieurs hôpitaux ont été pris pour cible.
A Omdourman, ville jumelle de Khartoum, les forces de sécurité patrouillent à bord de véhicules notamment équipés de mitrailleuses et canons anti-aériens.
A Khartoum, la circulation est rendue difficile par le déploiement des RSF et le blocage des routes par les manifestants qui tentent de se protéger en érigeant des barricades de fortune faites de pierres, troncs d'arbre ou pneus enflammés.
Les RSF sont d'ordinaire cantonnées à d'autres régions en conflit au Soudan et sont accusées par de nombreux Soudanais et des organisations de défense des droits humains d'avoir commis de graves exactions au Darfour (ouest).
"Regrets"
Dans un discours télévisé, le chef du Conseil militaire Abdel Fattah al-Burhane a dit "regretter ce qu'il s'est passé" à Khartoum lundi. Une enquête a été ouverte par le parquet général, a-t-il assuré.
Les généraux démentent avoir "dispersé par la force" les rassemblements devant le siège de l'armée, évoquant une "opération de nettoyage" près du sit-in par les forces de sécurité ayant mal tourné.
"Nous ouvrons nos bras aux négociations sans restriction, sinon celle de l'intérêt national, pour fonder un pouvoir légitime qui reflète les aspirations de la révolution des Soudanais", a déclaré le général Burhane, appelant à ouvrir "une nouvelle page".
Les généraux avaient décidé d'annuler tous les accords et les négociations avec les chefs de la contestation, tout en appelant à la tenue d'élections.
Les représentants des manifestants avaient également annoncé la rupture de "tout contact" avec les militaires après le "massacre" du sit-in, rejetant l'appel à des élections par le Conseil qualifié de "putschiste".
Les négociations entre les généraux et la contestation avaient étaient suspendues le 20 mai, chaque camp refusant de céder à l'autre la direction de la transition politique post-Béchir.
La communauté internationale a appelé à la reprise du dialogue. Mais "en ordonnant ces attaques, le Conseil militaire de transition a mis en péril le processus de transition et de paix au Soudan", ont dénoncé Washington, Londres et Oslo.
Selon des diplomates, la Chine, appuyée par la Russie, a bloqué mardi au Conseil de sécurité de l'ONU un texte condamnant les morts civils au Soudan et appelant à cesser immédiatement la violence.
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