La Cour suprême a indiqué dans un communiqué que l'une de ses chambres avait "décidé à l'unanimité de suspendre à titre conservatoire l'exhumation des restes de Francisco Franco Bahamonde qui devait avoir lieu le 10 juin", le temps que le recours en justice de la famille puisse être examiné sur le fond.
Cette suspension a donc pour but, selon la Cour, d'éviter le "préjudice" qui pourrait être causé aux descendants du dictateur, mais aussi à l'Etat, si leur recours était in fine accepté. Ce qui aurait obligé à ramener la dépouille au sein du "Valle de los Caidos", complexe monumental des environs de Madrid où elle se trouve actuellement.
Cette décision "implique que le gouvernement va devoir repousser l'exécution de l'exhumation jusqu'à l'annonce d'un verdict sur le fond dans les prochains mois", a reconnu l'exécutif socialiste de Pedro Sanchez.
Avant de se dire "convaincu" du futur rejet par la Cour suprême du recours des descendants du dictateur.
Le "Généralissime", vainqueur de la Guerre civile (1936-1939) à l'issue de laquelle il a dirigé l'Espagne d'une main de fer pendant 36 ans, a été inhumé au "Valle de los Caidos" à sa mort en 1975.
Il avait fait construire ce monument, une basilique creusée à flanc de montagne et surmontée d'une croix de 150 mètres de haut, par des milliers de prisonniers politiques dans les années 1940 et 1950. A l'intérieur sont enterrés 27.000 combattants "nationalistes" qui se battaient sous ses ordres et quelque 10.000 soldats républicains, sortis des cimetières et des fosses communes sans que les familles en aient été informées.
La tombe de Franco, couverte de fleurs fraîches et vénérée par les nostalgiques du franquisme, se trouve devant l'autel de la basilique, un "lieu d'exaltation" inacceptable pour le gouvernement de Pedro Sanchez.
Un an de bataille judiciaire
Le socialiste a fait de l'exhumation de Franco l'un de ses chevaux de bataille dès son arrivée au pouvoir en juin 2018.
Mais alors qu'il pensait initialement la mener à bien durant l'été 2018, il s'est retrouvé confronté à une guérilla judiciaire des héritiers du dictateur et à la résistance des moines bénédictins qui entretiennent le mausolée.
Le gouvernement a dû obtenir l'assentiment du Vatican et rejeter la proposition de la famille de réinhumer le dictateur dans le caveau familial de la cathédrale de l'Almudena, où est enterré sa fille, de crainte qu'elle ne se transforme en lieu de pèlerinage franquiste en plein coeur de Madrid.
A la place, le gouvernement a choisi le cimetière de Mingorrubio-El Pardo, plus discret, où repose l'épouse du dictateur au nord de Madrid.
Plus de quarante ans après la fin de la dictature franquiste, les plaies sont loin d'être refermées et la question du travail de mémoire divise toujours en Espagne.
Un précédent gouvernement du socialiste Jose Luis Rodriguez Zapatero avait fait voter en 2007 une "Loi de mémoire historique" pour faire retirer les vestiges de la dictature, identifier les dizaines de milliers de corps jetés dans des fosses communes et réhabiliter la mémoire des vaincus, condamnés sous le franquisme.
Mais la droite accuse systématiquement la gauche de vouloir rouvrir les blessures et le conservateur Mariano Rajoy, évincé par Pedro Sanchez l'an dernier, s'était vanté publiquement de ne pas avoir dépensé un euro pour appliquer cette loi.
A LIRE AUSSI.
Espagne : Vox bouleverse le paysage politique
Espagne: début du procès historique des dirigeants indépendantistes catalans
Espagne : début du procès de la tentative de sécession de la Catalogne
En cavale depuis 16 ans, l'ancien leader de l'ETA Josu Ternera arrêté en France
Carmen Franco, fille unique du dictateur espagnol, décédée à 91 ans
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.