Une décision "sage", "digne" et "courageuse". Au moins l'un de ces trois termes figure dans la quasi-totalité des communiqués et tweets des élus et dirigeants LR après l'annonce de Laurent Wauquiez dimanche soir.
Pressé de se démettre depuis une semaine, le président d'Auvergne-Rhône-Alpes s'est décidé au terme d'un "long week-end de réflexion" au Puy-en-Velay. "Il a eu quasiment tout le monde, seule Valérie Pécresse ayant refusé de le prendre au téléphone", rapporte son entourage.
La droite fait face à des questions existentielles: quelle ligne doit-elle adopter pour exister entre la majorité macroniste et le Rassemblement national? Quelle est la taille de l'espace politique entre ces deux forces ? Avec quels chefs poursuivre les objectifs qui seront définis?
Le départ du patron de LR, confortablement élu par les militants fin 2017 mais lâché de toutes parts depuis le désastre électoral, referme une première séquence d'une semaine de tractations multiples, de la grande initiative lancée par Gérard Larcher à la menace de création d'un second groupe LR à l'Assemblée nationale.
D'autres initiatives ont vu le jour, tel ce "comité de renouvellement" lancé par de jeunes députés LR. Et les départs d'élus locaux se multiplient, notamment dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine, sur fond de pression explicite de la part de la majorité présidentielle en vue des élections municipales de 2020.
M. Wauquiez "a observé les initiatives publiques et désordonnées qui pouvaient exister, et il en a tiré la conclusion qu'il y avait trop d'arrières-pensées et pas assez de bonne volonté, et au fond de lui le sentiment que certains étaient prêts à la politique du pire. Alors que le risque n'est pas la division mais l'explosion du parti. Et donc que partir était la meilleure solution, pour que chacun prenne ses responsabilités", poursuit-on dans son entourage.
Dans l'immédiat, l'intérim est assuré par le vice-président délégué, l'ancien ministre Jean Leonetti. Et les hiérarques de LR épluchent leur règlement intérieur: l'élection d'un nouveau président doit avoir lieu "dans les cinquante jours au moins et soixante-cinq jours au plus après l'ouverture de la vacance" selon l'article 23. Mais l'article 27 commande à la Haute autorité de LR, chargée du bon déroulement du scrutin, de publier un guide électoral... 90 jours avant le vote.
"Halls d'hôtel"
Plusieurs voix se sont déjà élevées pour assouplir ce calendrier. "Il peut peut-être y avoir une collégialité dans un premier temps", a jugé le député Eric Woerth qui, interrogé sur ses ambitions pour la présidence, a assuré n'être "pas du tout dans cette optique".
"On peut se donner trois, quatre, cinq mois" avant de "se lancer tête baissée dans de nouvelles élections", a également fait valoir l'ancien patron du parti Jean-François Copé, qui avait lui aussi rendu son tablier en 2014.
Qui pour succéder à Laurent Wauquiez ? Pas de candidat déclaré à ce stade. Mais plusieurs dirigeants possèdent leur propre structure ou cadre de réflexion: Valérie Pécresse et son mouvement "Libres!", Bruno Retailleau à la tête de Force Républicaine ou encore le premier vice-président du parti Guillaume Peltier, qui essaie de fédérer le courant "populaire" au sein de LR.
Pour l'heure, la balle est dans le camp de Gérard Larcher. Désireux de bâtir "un projet pour la droite et le centre" qui "parte des territoires", le président du Sénat réunit mardi à Paris les chefs de groupes parlementaires Christian Jacob (Assemblée) et Bruno Retailleau (Sénat).
Sont également conviés les présidents des trois grandes associations d'élus François Baroin (maires, LR), Dominique Bussereau (départements, ex-LR) et Hervé Morin (régions, Centristes), ainsi que les présidents de région LR dont Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez.
L'aile droite de la majorité, elle, redouble ses coups contre son ancien parti. Le ministre Gérald Darmanin a ironisé sur la réunion de dirigeants de droite "dans des halls d'hôtel" pour savoir "qui va réorganiser le parti en attendant la prochaine défaite". Dimanche, le secrétaire d'État Sébastien Lecornu a enjoint les maires à "quitter LR" en vue des municipales. "Une belle opération d'intimidation", juge le porte-parole de LR Gilles Platret.
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