"Les victoires sont collectives, les défaites sont solitaires. Il faut que je prenne mes responsabilités: (...) je vais prendre du recul. Je me retire de mes fonctions de président des Républicains", a déclaré M. Wauquiez sur TF1.
"Il faut que la droite se reconstruise". "J'ai tout fait pour essayer de rassembler les bonnes volontés mais je vois (...) le risque de retour des guerres des chefs, des désirs de revanche". "Je ne veux pas être un obstacle, à aucun prix", a expliqué M. Wauquiez, qui avait été confortablement élu à la tête du parti en décembre 2017.
Cette démission ajoute un nouvel épisode dans l'histoire très mouvementée du parti de droite, après deux élections présidentielles perdues par Nicolas Sarkozy en 2012 et François Fillon en 2017, et le départ de plusieurs cadres ralliés à Emmanuel Macron, à commencer par le Premier ministre Édouard Philippe.
Une semaine après le score historiquement bas (8,48%) glané aux européennes, le parti de droite se retrouve sans leader, alors que foisonnent déjà de nombreuses initiatives pour la "reconstruction", notamment celle du président du Sénat Gérard Larcher.
Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ancien ministre lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ex-député de Haute-Loire et ex-maire du Puy-en-Velay, M. Wauquiez, 44 ans, faisait l'objet de nombreuses critiques sur sa ligne droitière et sur une gouvernance jugée "solitaire" à la tête du parti.
Souvent accusé d'"insincérité", le patron de LR avait écorné son image en 2018 avec la révélation de propos chocs, enregistrés à son insu, tenus devant des étudiants lyonnais, dans lesquels il multipliait les critiques contre différents politiques.
"au pied du mur"
"Pourquoi cet écart entre ce que je suis et l'image qui est donnée ? Sans doute que, parfois, je suis trop dur. C'est comme ça en tout cas que les gens l'ont perçu", a expliqué M. Wauquiez dimanche.
Fin janvier, il avait choisi, dans un scepticisme général, de désigner François-Xavier Bellamy, enseignant en philosophie de 33 ans, pour conduire la liste LR aux élections européennes.
Après la lourde défaite de dimanche, le patron de LR avait annoncé la tenue d'"états généraux" à "la rentrée" pour "tout remettre à plat". Une décision jugée insuffisante par de nombreux hiérarques LR.
Gérard Larcher a lui initié une "démarche" pour construire "un projet rassemblant la droite et le centre", conviant mardi à Paris les présidents de groupes parlementaires Christian Jacob (Assemblée) et Bruno Retailleau (Sénat), les présidents des grandes associations d'élus François Baroin (maires), Dominique Bussereau (départements) et Hervé Morin (régions), ainsi que les présidents de régions LR dont Valérie Pécresse (Ile-de-France), M. Wauquiez ou encore Renaud Muselier (Sud).
Xavier Bertrand (Hauts-de-France), qui a quitté LR au lendemain de l'élection de M. Wauquiez à sa tête, n'assistera pas à cette réunion.
Selon les statuts de LR, en cas de vacance, la présidence est assurée par le vice-président délégué, Jean Leonetti.
Depuis dimanche, dans l'aile droite de la majorité, le choix avait été fait d'accroître la pression sur les élus LR, notamment en vue des municipales de mars 2020.
"Un maire qui sera réélu avec l'apport de La République en marche et du MoDem, ce sera un allié du président pour 2022, et un maire élu sans leur apport sera un ennemi du président pour 2022", a expliqué jeudi Gilles Boyer, ancien conseiller d'Édouard Philippe, élu eurodéputé dimanche.
Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen a dit tendre la main "à tous les cadres et électeurs LR patriotes". "L'alternative à Macron est possible", a-t-elle tweeté, tandis que sa nièce Marion Maréchal a dit souhaiter "une grande coalition" entre le RN et "la droite populaire" issue de LR.
Pour le sénateur LR Roger Karoutchi, proche de Valérie Pécresse, la démission de M. Wauquiez "met tout le monde au pied du mur: sommes-nous capables de refonder un parti de droite rassembleur et populaire ? L'espace politique existe-t-il encore ? Réponse très vite".
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