"Il est mort très paisiblement à 19H entouré de sa famille", a annoncé à l'AFP son éditrice Sophie Bancquart, des éditions du Pommier.
Ecrivain et historien des sciences, ce membre de l'Académie française s'est intéressé à toutes les formes du savoir, scientifique comme littéraire, anticipant les bouleversements liés aux nouvelles technologies de la communication.
L'un de ses plus grands succès d'édition fut "Petite Poucette", ce titre clin d'oeil à la maestria avec laquelle certains utilisent leurs pouces pour taper sur leurs portables.
"Adieu Michel Serres, l'honnête homme par excellence, du XXème et du XXIème siècles, éclectique, humaniste et visionnaire. Sa bonté se voyait et s'entendait", a salué le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer sur Twitter.
"Sa pensée sur l'éducation continuera à nous influencer", a-t-il ajouté.
L'ancien officier de marine, qui a sillonné l'Atlantique et la Méditerranée et participé comme enseigne de vaisseau à la réouverture du canal de Suez, s'était tourné vers l'enseignement à la fin des années 50. Avec toujours la volonté de s'affranchir des frontières des disciplines universitaires.
La notoriété arrivera dans les années 1980, avec la série intitulée "Hermès", "Les cinq sens", prix Médicis de l'essai en 1985, ou "Eléments d'histoire des sciences" (1989).
Humaniste et "grand enfant"
En 1990, il est élu à l'Académie française, où il est reçu sans la traditionnelle épée, "en signe de paix".
"Voyageur infatigable de la pensée", comme le décrit sur son site internet Le Pommier, son éditeur de longue date, Michel Serres est l'auteur de quelque 80 ouvrages et continuait de publier régulièrement ces dernières années.
Son dernier livre, "Morales espiègles", était paru en février.
Invité de "Questions politiques" sur France Inter dimanche dernier, il disait à propos de ce livre vouloir éviter de paraître "donneur de leçons". "S'il y a une voie pour un signal moral, c'est le rire", ajoutait ce philosophe que le grand public a également pu écouter dans des chroniques dominicales à la radio pendant plusieurs années.
Plusieurs responsables politiques ont salué sa mémoire sur les réseaux sociaux.
Pour Yannick Jadot (EELV), c'était "un grand humaniste, qui est toujours resté en lien avec son temps et a gardé une confiance formidable dans la jeunesse".
"Oser, tenter, rester jeune toute sa vie et penser demain plutôt que de ressasser sans cesse hier", a écrit Raphaël Glucksmann (PS-Place publique).
Pour la députée LFI Clémentine Autain, "un homme de partage nous a quitté".
Le député LREM et mathématicien, Cédric Villani, retient l'"infatigable bâtisseur de ponts entre disciplines" qu'était Michel Serres. "Conférencier passionné, méridional chaleureux, grand enfant épris de futur, il mettait à l'aise dès les premiers mots et s'embrasait dans la discussion", a-t-il ajouté.
Même le club de rugby d'Agen, la ville où le philosophe à l'accent rocailleux et à la chaleur communicative avait vu le jour le 1er septembre 1930, s'est joint aux hommages en postant sur son compte Twitter une photo du "plus illustre de ses supporteurs".
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