D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, qui sont toujours contestés par les "gilets jaunes", 9.500 manifestants ont été dénombrés dont 1.500 à Paris, soit la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.
"Justice sociale, justice fiscale", "anti, anti, anticapitaliste", "Macron démission pour un monde meilleur" pouvait-on lire et entendre dans les cortèges, qui se sont déroulés dans le calme.
Mais certains manifestants n'hésitent plus à afficher leur blues. Comme Josiane mobilisée dès la première heure depuis le mois de novembre et présente dans les rues de Toulouse, l'une des places fortes du mouvement, où seules quelques centaines de personnes étaient réunies samedi.
"C'est la première fois qu'il y a si peu de monde à Toulouse, ça me fait mal au cœur. Le gouvernement, le pouvoir, ils sont trop forts, au final on n'a rien gagné et en plus on s'est fait insulter et taper dessus", déplore cette retraitée.
Après des mois de mobilisation variable, attirant de plusieurs dizaines de milliers à plus de 280.000 "gilets jaunes", les dernières semaines ont en effet montré un essoufflement de la mobilisation: le 18 mai, ils étaient environ 15.500 à travers la France, et 12.500 le 25.
Pourtant beaucoup dans les cortèges tentent de garder espoir.
"On ne lâche rien ! Les médias disent que le mouvement est mort mais c'est faux", affirme Sandrine 53 ans, de Massy-Palaiseau, auxiliaire familiale, présente chaque samedi depuis le 17 novembre. "On est hyper résistants. Il y aura peut-être un petit creux pendant l'été, mais en septembre ça va repartir de plus belle", ajoute cette manifestante du cortège parisien.
"Le mouvement va continuer", abonde Luca, 48 ans, également présent dans les rues de la capitale, et qui imagine "à long terme des organisations de démocratie directe au niveau local" issues du mouvement.
"Pour continuer à venir, il faut vouloir aller au-delà, penser un peu politiquement, structurer l'élan qu'a été les +gilets jaunes+. Mais pas dans un parti, en tout cas", estime Jean-Marc, 64 ans, enseignant à la retraite, de Créon, dans la grande banlieue de Bordeaux.
Dans cette ville, en pointe depuis le début du mouvement, seules quelques 450 manifestants ont battu le pavé, selon la préfecture.
Pour lui les "quelques mesurettes du gouvernement ont pu donner un peu d'oxygène à certains, mais la souffrance est toujours là. Des gens au point de rupture, j'en vois toujours".
Même constat à Montpellier pour Eric, 61 ans, qui est balayeur pour la ville: "J'ai grandi en HLM. Depuis tout petit, je constate trop d'inégalités. Je suis +gilet jaune+ depuis que je suis né, et encore pour longtemps. Même si ça dure encore deux ans, je serai là".
Des manifestants qui dénoncent tous par ailleurs la "répression policière".
Cette semaine le procureur de Paris a assuré que des policiers seraient jugés pour violences lors des manifestations, suscitant la colère des organisation syndicales de la police.
"Cela reste de la communication, l'arbre qui cache la forêt et je pense que l'on est loin du compte donc j'appelle tous les blessés à aller porter plainte", a commenté Jérôme Rodrigues, figure du mouvement, qui a lui-même perdu un œil le 26 janvier.
Selon le procureur de Paris, 171 enquêtes ont été confiées à l'inspection générale de la police nationale (IGPN) et trois à l'inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Les investigations sont désormais terminées pour 57 d'entre elles et le parquet doit décider d'éventuelles suites judiciaires.
Depuis le début du mouvement le 17 novembre, 2.448 personnes ont été blessées côté manifestants et 1.797 parmi les forces de l'ordre, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur arrêtés au 13 mai.
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