Au stade Metropolitano de l'Atlético, la "coupe aux grandes oreilles" va changer de pays d'accueil pour rejoindre l'Angleterre, après trois saisons de mainmise du Real Madrid de Zinédine Zidane et cinq années consécutives de monopole espagnol.
Qui prendra le pouvoir ? Liverpool, quintuple champion d'Europe, battu en finale l'an dernier par le Real (3-1) et entraîné par le charismatique technicien allemand Jürgen Klopp ? Ou bien l'étonnant Tottenham de l'Argentin Mauricio Pochettino, un club qui vit sa première finale de C1 et brigue un premier sacre ?
Dans un Metropolitano bouillant et assourdissant, l'habituelle intensité physique de la Premier League promet du grand spectacle entre les "Reds" de l'Egyptien Mohamed Salah et les "Spurs" de l'Anglais Harry Kane, incertain avant la rencontre. Quant à la ferveur des chants anglais, elle risque de donner la chair de poule... à condition de supporter la canicule sévissant à Madrid.
"C'est un match fantastique à jouer et à savourer, même si la meilleure manière de l'apprécier est de gagner", a prévenu le gardien français Hugo Lloris, capitaine de Tottenham.
Perdants magnifiques
Quel que soit le vainqueur, voilà la Liga espagnole contrainte de rendre sa couronne européenne à l'opulente Premier League, en phase ascendante malgré l'interminable feuilleton politique du Brexit.
La force de frappe financière est l'une des raisons de la montée en puissance anglaise, mais pas uniquement: il faut aussi prendre en compte l'apport de techniciens étrangers réputés comme Klopp et Pochettino, qui ont amené "leur nouveauté, leur savoir-faire", de l'avis de Zinédine Zidane, et fait éclore de nombreux jeunes talents.
Un constat partagé par Klopp lui-même: "Nous avons deux vraies équipes dans cette finale. Je respecte énormément ce que +Poch+ a accompli. Il avait un groupe très talentueux à son arrivée, mais la manière dont ils ont progressé est vraiment impressionnante", a dit vendredi l'entraîneur des "Reds".
Son homologue des "Spurs" lui a rendu la politesse: "Liverpool est une grande équipe. Avec Manchester City, c'est la meilleure équipe d'Angleterre. Ils étaient déjà en finale l'an dernier et tout le mérite en revient à Jürgen et à ses joueurs", a répondu Pochettino.
Les deux clubs, comme d'ailleurs leurs entraîneurs, ont une opportunité idéale de se défaire de leur étiquette de perdants magnifiques. "Je ne me vois pas comme un +loser+!", a lancé vendredi Klopp... qui a perdu les trois finales européennes qu'il a vécues comme entraîneur.
Et à son image, rêvant de consécration, il y a la masse des supporteurs arrivés dans les rues de Madrid, de la place Felipe II (réservée aux fans de Liverpool) à celle de Colon (pour ceux de Tottenham).
Dispositif de sécurité inédit
Au total, quelque 32.000 supporteurs anglais doivent prendre place au stade Metropolitano, d'une capacité de 68.000 spectateurs. Mais des milliers de fans sans billet ont choisi d'affluer à Madrid pour y suivre la rencontre, depuis le Royaume-Uni ou d'Espagne et du Portugal où sont installés de nombreux Britanniques.
Même si Tottenham et Liverpool n'entretiennent pas de rivalité historique, les autorités espagnoles ont déployé un dispositif de sécurité inédit avec 4700 agents et un drone pour surveiller les supporters.
Soit plus que les 4000 hommes mobilisés pour la finale de Copa Libertadores entre Boca Juniors et River Plate en décembre dernier, qui avait été délocalisée à Madrid après des violences impliquant les supporteurs argentins.
"Pour une compétition sportive, ce sera probablement le plus grand déploiement que nous ayons fait pour garantir la sécurité", a avancé le directeur général de la police espagnole, Francisco Pardo Piqueras.
Et chacun d'espérer une fête sans débordements, qui puisse illustrer les "valeurs du football", si importantes aux yeux de Mauricio Pochettino.
"Il s'agit de mettre en avant le vivre ensemble. C'est une belle chance de montrer les valeurs de ce sport collectif", a lancé l'entraîneur argentin.
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