Lors de ce 15e vendredi consécutif de rassemblements contre le régime algérien, ils ont également rejeté l'offre de dialogue formulée dans la semaine par le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah.
Ce vendredi était le dernier du mois musulman de ramadan, durant lequel la mobilisation n'a pas faibli malgré la chaleur et la fatigue due au jeûne quotidien du lever au coucher du soleil.
Les rues du centre d'Alger étaient à nouveau noires de monde et l'imposant cortège s'étirait dans plusieurs rues autour de la Grande Poste, point de ralliement des manifestations hebdomadaires depuis le premier vendredi de contestation, le 22 février.
Impossible à évaluer en l'absence de décompte officiel, la foule a semblé particulièrement nombreuse dans la capitale algérienne, trois jours après le décès en détention de Kamel Eddine Fekhar. De nombreux slogans et banderoles ont rendu hommage à ce militant connu des droits humains et de la cause mozabite, une minorité berbérophone d'Algérie.
Des rassemblements de grande ampleur ont aussi eu lieu à Oran, Constantine et Annaba, 2e, 3e et 4e villes du pays, selon des journalistes locaux. L'agence officielle APS a recensé des manifestations dans 32 des 48 régions du pays.
Les manifestants se sont progressivement dispersés en fin d'après-midi sans incident à Alger et dans le reste du pays. Six régions du sud prévoient des défilés en soirée en raison de la chaleur qui y règne, selon APS.
"Honte"
"Pouvoir assassin!", a scandé la foule à la fin d'une minute de silence observée par le cortège à Alger à la mémoire de Kamel Eddine Fekhar. "Quelle honte, l'Etat a tué Fekhar!", ont également clamé les manifestants, dont beaucoup s'étaient coiffés de la calotte blanche traditionnelle mozabite.
Fekhar observait une grève de la faim depuis son placement en détention préventive le 31 mars pour "atteintes aux institutions". Il avait purgé deux ans de prison (2015-2017) pour "atteinte à l'autorité de l'Etat", accusé d'être à l'origine de violences ayant opposé en 2015 dans la région du M'zab (centre) Mozabites, berbères de rite ibadite, et Chaâmbas, Arabes de rite malékite.
Amnesty International a qualifié son décès de "honte" pour l'Algérie, affirmant que son emprisonnement "arbitraire et illégal" était lié à ses seules publications d'opinions sur les réseaux sociaux.
"Pas d'élections avec le +gang+" au pouvoir, "Pas de dialogue avec le +gang+ et le pouvoir", ont martelé les manifestants, qui qualifient d'"issaba" ("gang") les dirigeants déjà en place sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, contraint le 2 avril à la démission par la rue.
Massivement rejetée par les manifestants et sans candidat sérieux déclaré, la présidentielle prévue le 4 juillet pour élire son successeur apparaît de plus en plus compromise.
Le Conseil constitutionnel doit se prononcer avant le 5 juin sur la validité des deux seuls dossiers de candidature déposés, mais il semble peu probable qu'ils remplissent les conditions requises, notamment les parrainages de 600 élus ou de 60.000 électeurs.
Le scrutin a pour seul objectif le maintien du "système" au pouvoir, estime le mouvement de contestation inédit qui réclame au préalable le départ de tous les dirigeants actuels ayant participé au régime de M. Bouteflika, parmi lesquels le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée depuis 2004.
Devenu le véritable détenteur du pouvoir depuis le départ de M. Bouteflika, le général Gaïd Salah a réclamé cette semaine des "concessions mutuelles" dans le cadre d'un "dialogue" dont il n'a pas défini les formes.
Il a continué de réclamer une présidentielle "dans les plus brefs délais", sans évoquer la date du 4 juillet.
"Gaïd Salah, dégage!" lui ont répondu les manifestants à Alger. "Ni dialogue, ni élections, mais une (Assemblée) constituante", pouvait-on lire sur une pancarte.
Arrestations
La police avait procédé dans la matinée à l'arrestation systématique des passants dans les rues encore peu animées du centre d'Alger.
Une journaliste de l'AFP a vu une cinquantaine de personnes, essentiellement des jeunes hommes, être interpellées sans raison apparente et embarquées dans au moins quatre fourgons.
Les manifestations, strictement interdites à Alger depuis 2001, ont été jusqu'ici largement tolérées par la police, qui se contente habituellement de contenir le défilé dans un périmètre défini.
Les arrestations se sont faites plus rares à mesure que la foule grossissait dans le centre-ville.
A LIRE AUSSI.
Algérie: démission d'un ex-proche de Bouteflika visé par la constestation
Algérie: que cachent les trois arrestations dans le clan Bouteflika?
L'après-Bouteflika, aux contours incertains, s'ouvre en Algérie
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.