Ce n'est jamais très loin. Le coup de sang rôde toujours malgré tout dans le coin. Face à Pablo Carreno Busta (57e) vendredi pour son 3e tour à Roland-Garros, son premier match sur le tout nouveau court Simonne-Mathieu, il n'était vraiment pas loin. Après le gain du premier set, l'Avignonnais s'est mis à râler, pas fan de l'ambiance.
"On se croirait en Espagne", a-t-il lâché sur sa chaise, pas content du manque de soutien supposé du public. Sa raquette a été tester la solidité du court quelques instants après, lors de la perte du 2e set. "Nerveusement, c'était plus dur aujourd'hui", a-t-il reconnu.
"Nombreux dans ma tête"
Un classique, pourrait-on dire rapidement chez Benoit Paire. Sauf que cette tendance, qui a longtemps étiqueté l'Avignonnais, se perd ces derniers mois. Il le répète d'ailleurs assez souvent ces derniers temps. Il a changé et parvient à se contrôler même si "on est nombreux dans ma tête", ironise-t-il.
Son "pote" Pierre-Hugues Herbert l'a en tout cas confirmé après leur match épique au 2e tour (5 sets, plus de 4h30, NDL). "Ce changement je ne l'ai pas vu que sur ce match. Il n'aurait pas eu ces résultats sur terre s'il n'avait pas changé d'attitude", a expliqué Herbert. "Quand il s'est fait breaker au 5e set, il y a quelque temps il aurait cassé cinq raquettes".
Mais Benoit Paire n'a pas craqué. "C'est déjà très fort pour moi", s'était-il auto-félicité. Un nouveau visage auquel le joueur veut s'accrocher.
"J'ai l'image qui me colle à la peau du mec qui pète les plombs tout le temps(...). Regardez (Novak) Djokovic : il pète plus de raquettes que moi !", avait-il estimé dans un entretien à L'Equipe. C'est vrai que son dernier craquage date un peu. Il y a presqu'un an, à Washington, où trois raquettes y étaient passées lors d'un match face à Marcos Bagdhatis. Depuis, plus rien.
Le déclic
L'année n'avait pas forcément bien commencé. Avant la saison sur terre, Benoit Paire, qui a rejoint en septembre 2018 l'académie Mouratoglou, n'y arrivait pas. Pas dedans, pas de motivation, il ne se sentait pas bien sur le court. Pas de résultats, un classement qui chute.... Du coup, l'Avignonnais a pris des vacances avant la tournée terrienne et s'est posé "les bonnes questions" comme il dit.
"Est-ce que l'on continue comme ça la saison et il ne se passera rien (...) ou : est-ce que tu te mets à être bien dans la tête", a-t-il raconté. Et la tête s'est mise "à l'endroit" après un challenger à Marbella fin mars (où il perd en finale, NDLR). Le déclic selon lui. Il gagne d'ailleurs deux semaines plus tard son premier tournoi de la saison à Marrakech. Sauf que son retard au classement (69e mondial début avril), l'oblige à passer par les qualifications aux Masters 1000 de Madrid et Rome, sans succès. C'est à Lyon que quelque chose se confirme. A une semaine de Roland-Garros, le trentenaire va rafler son 2e trophée de l'année, avec deux top 30 (Shapovalov et Auger-Alliassime) et cinq victoires de rang qui l'ont parfaitement lancé pour le tournoi parisien.
Avec celles de Roland-Garros, il en est donc à 8, soit mieux qu'un Grand Chelem (où il faut emporter 7 matches de rang, NDLR). Une série dont il ne "veut pas" qu'elle s'arrête.
"Quand je suis bien et heureux sur un court, je peux battre n'importe qui", assure-t-il. Réponse dimanche face au 7e mondial Kei Nishikori.
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