Quelque 260.000 musulmans se sont prosternés en rangs serrés sur l'esplanade des Mosquées dans la Vieille ville, a indiqué Azzam al-Khatib, directeur général du Waqf, la fondation qui administre les lieux.
Plus tôt, une attaque à l'arme blanche avait poussé la police israélienne à fermer provisoirement certains accès à la Vieille ville et des dizaines de magasins palestiniens, faisant redouter un accès de tensions autour du site ultra-sensible sur lequel se dressent le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa.
Mais la prière s'est déroulée sans incident autre que les dizaines de fidèles traités dans les tentes du Croissant-Rouge à la suite de déshydratations et de malaises par une température de plus de 30 degrés celsius, sans ombre pour se protéger du soleil ardent. Les fidèles se sont laissé joyeusement asperger d'eau pulvérisée par des hommes juchés sur des conteneurs pour les rafraîchir.
L'affluence aurait pu être encore plus considérable sans les contrôles renforcés pratiqués par les Israéliens après l'attaque, a dit Azzam al-Khatib.
Marche nationaliste
La Vieille ville, épicentre du vieux conflit israélo-palestinien, faisait déjà l'objet d'un dispositif policier israélien resserré depuis le début du mois de jeûne sacré musulman.
Cela n'a pas empêché un Palestinien de 18 ans, identifié comme Youssef Wajih, originaire de Cisjordanie occupée, de blesser au couteau deux Israéliens, dont un très gravement.
La police israélienne a publié des images de vidéosurveillance montrant un homme semblant poignarder un juif ultra-orthodoxe à vélo, puis en poursuivre un autre avant de se retrouver face à deux policiers. Ils l'abattent avec leurs pistolets.
L'un des Israéliens blessés est un adolescent de 16 ans poignardé à la sortie d'une synagogue. Un porte-parole du gouvernement a publié sa photo sur un lit d'hôpital. L'autre, déclaré d'abord dans un état critique puis stabilisé dans un état grave, est un homme de 47 ans, selon l'hôpital.
A peu près au même moment de l'attaque à quelques kilomètres de là, un adolescent palestinien a été tué par des tirs des forces israéliennes près de Bethléem en Cisjordanie, a indiqué le ministère palestinien de la Santé.
Des médias palestiniens ont rapporté qu'il cherchait à franchir la barrière israélienne coupant la Cisjordanie de Jérusalem pour se rendre dans la Ville sainte à l'occasion de la prière. La police israélienne a juste indiqué avoir tiré sur un Palestinien qui tentait de passer la barrière.
Par un hasard de calendrier, le dernier vendredi de ramadan coïncidait avec les célébrations de Laylat al-Qadr, ou Nuit du destin, qui faisait de cette journée probablement la plus animée de l'année côté musulman dans la Vieille ville.
Jérusalem va par ailleurs au-devant d'un rendez-vous à risques dimanche: des dizaines de milliers d'Israéliens devraient parader à l'occasion de la journée de Jérusalem, qui marque pour eux la "réunification" de la ville après la prise de la partie orientale lors de la guerre de 1967.
Cette marche nationaliste pavoisée de drapeaux à l'étoile de David passe par le quartier musulman et cause chaque année des frictions.
Plan Trump
La Vieille ville se trouve à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville, annexée par Israël. L'ONU juge l'annexion illégale et considère Jérusalem-Est comme territoire occupé.
Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est pour capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Israël proclame tout Jérusalem sa capitale "réunifiée" et "indivisible", et exclut toute partition de la ville.
La Vieille ville, où vivent musulmans, juifs et chrétiens, a été ces dernières années le théâtre de nombreuses attaques à l'arme blanche commises par des Palestiniens isolés contre des Israéliens.
Les forces israéliennes contrôlent rigoureusement tous les accès à l'esplanade, ainsi que le passage depuis la Cisjordanie des Palestiniens entrant à Jérusalem.
L'esplanade est aussi révérée par les juifs sous le nom de mont du Temple. Les musulmans y ont accès à toute heure. Les juifs peuvent visiter le site à certaines heures, mais ont l'interdiction d'y prier.
Jérusalem catalyse les tensions du conflit israélo-palestinien. Le processus de paix est enlisé depuis des années.
Les Etats-Unis travaillent à un plan de règlement. Le conseiller et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, a rencontré jeudi à Jérusalem le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avant la présentation du volet économique de ce plan fin juin.
Mais l'administration Trump a ulcéré les Palestiniens par une série de mesures pro-israéliennes, dont la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, rupture avec des décennies de consensus international.
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