Avec son chapeau orange garni du slogan "plus jamais ça", Béatrice Panier n'était pas passée inaperçue à l'ouverture du procès des anciens cadres de France Télécom, le 6 mai 2019. Cette habitante de Louvigny, près de Caen (Calvados) est l'une des 167 parties civiles dans ce procès fleuve, dont l'issue est programmée le 12 juillet. À l'occasion du premier jour d'audience, elle avait lu sur le parvis du tribunal de Paris une lettre ouverte adressée à l'ancien PDG de l'entreprise, Didier Lombard.
Tourner une page
Tout bascule pour elle le 26 avril 2011, lorsqu'elle tente de mettre fin à ses jours, poussée à bout par son travail. Huit ans plus tard, toujours en arrêt de travail, c'est en partie grâce à la justice qu'elle espère se remettre sur pied. "J'ai conscience de participer à un procès historique : il y a un million de pages de documents, 220 scellés, 667 pages d'ordonnance, 167 parties civiles, trente témoins… J'espère vraiment tourner une page de ma vie." raconte la Normande, après trois semaines d'audience.
"Je voudrais profiter du procès pour alerter sur la nécessité de créer un monde du travail plus humain", poursuit celle qui a recueilli une centaine de témoignages de salariés, de diverses entreprises, sur le mal-être au travail, via sa page Facebook. "Cela me semble impensable que nos enfants soient eux aussi confrontés à cela."
"Didier Lombard a soutenu mon regard"
Elle a déjà franchi un pas, le premier jour du procès. Invitée à se présenter à la barre lors de l'appel des parties civiles, Béatrice Panier a signifié aux juges qu'elle souhaitait témoigner devant le tribunal. "C'est important dans mon processus de guérison.", a-t-elle argumenté. Les larmes aux yeux, la Calvadosienne s'est arrêtée quelques instants devant Didier Lombard en regagnant le banc des victimes. "Il a soutenu mon regard. J'ai pu déceler dans ses yeux une once de compassion. Cela n'a duré que quelques secondes, mais pour moi, c'est énorme. Ce que j'espère, c'est qu'il a compris ma souffrance.". Béatrice Panier compte bien retourner au palais de justice de Paris, le 12 juillet, pour entendre le verdict.
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