Aux premières heures de sa garde à vue, démarrée lundi après son arrestation à Lyon, le suspect avait d'abord "contesté son implication" avant de passer aux aveux, a expliqué le procureur de la République Rémy Heitz dans un communiqué.
Devant les enquêteurs, il a ainsi indiqué avoir "prêté allégeance en son for intérieur" à l'EI "et reconnu avoir déposé" devant une boulangerie du centre de Lyon, rue Victor-Hugo, "l'engin explosif, qu'il avait préalablement confectionné", a indiqué M. Heitz.
Selon une source judiciaire, le jeune homme radicalisé de 24 ans a également "reconnu avoir actionné l'engin". A ce jour, cet attentat n'a fait l'objet d'aucune revendication.
Il doit désormais être présenté à un juge d'instruction après l'ouverture prévue d'une information judiciaire pour "tentative d'assassinats terroristes", "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et "fabrication, détention et transport d'explosif en relation avec une entreprise terroriste". Le parquet va demander son placement en détention provisoire.
Cible mystérieuse
Vendredi, la vidéosurveillance avait capté les images d'un jeune homme à vélo, avec casquette et lunettes de soleil, déposant vers 17H30, devant une boulangerie d'une rue piétonne de Lyon, un sac en papier contenant une bombe artisanale. L'explosion a fait 14 blessés - contre 13 annoncés auparavant - "qui présentent des incapacités comprises entre 1 et 30 jours", selon un nouveau bilan du procureur.
Les experts ont pu déterminer que l'engin avait été élaboré avec une charge "de 250 à 400 grammes de TATP associée à des billes d'acier et des vis, un dispositif de déclenchement à distance par télécommande et une source d'énergie composée de 8 piles", a détaillé le magistrat.
L'enquête menée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a rapidement progressé. Les policiers ont ainsi pu suivre l'itinéraire du "jeune homme à vélo" grâce au croisement de la vidéosurveillance des communes de Lyon et Oullins, dans sa proche banlieue où il réside avec sa famille.
L'exploitation de ses données téléphoniques et de ses achats sur Internet a également mené les enquêteurs jusqu'à ce jeune Algérien "inconnu des services de police" et "jamais" condamné. Son profil génétique a été retrouvé sur l'engin explosif.
Les enquêteurs pensent qu'il avait préparé son projet depuis au moins plusieurs semaines, comme le suggère l'achat sur Internet le 7 mai d'"un lot de 20 piles", livré au domicile familial. Les enquêteurs ont en outre suivi les nombreux indices laissés derrière lui.
"Dans la cuisine", ils retrouvent ainsi les ingrédients entrant dans la composition du TATP, utilisé notamment lors des attentats jihadistes du 13 novembre 2015: "une bouteille d'eau oxygénée, une bouteille d'acide chlorhydrique, une bouteille d'ammoniaque, un sac kraft contenant de nombreuses piles (...) du fil électrique" mais aussi, "un kit de survie".
Et "dans les poubelles de l'immeuble", ils saisissent "une gourde de vélo contenant des traces de TATP, 4 télécommandes", des circuits et des fils électriques, "un lot de seringues", "des billes d'aciers, des vis et des bouteilles avec des traces d'acétone et d'acide chlorhydrique".
L'analyse de l'ordinateur qu'il utilisait jusqu'à la fin 2018 a "mis en évidence des recherches sur Internet révélant un intérêt pour les thèses djihadistes et l'activité de l'EI", a indiqué le procureur.
Le jeune homme sans activité et en situation irrégulière "était arrivé en France en août 2017 avec un visa touristique" de 90 jours", selon M. Heitz. Son frère et ses parents, arrêtés eux aussi lundi, ont été remis en liberté jeudi.
Les enquêteurs devront notamment déterminer s'il avait une cible précise.
Il y a "un caractère étrange entre la disproportion d'un procédé technique très performant et un volume d'explosif très faible", avait commenté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, rappelé à l'ordre mardi par le procureur de Paris pour avoir rendu publics des éléments de l'enquête.
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