Un sommet extraordinaire du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et un autre de la Ligue arabe se sont tenus avant l'aube à La Mecque dans l'ouest du royaume saoudien. Ils seront suivis samedi avant l'aube par celui de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).
Ces rencontres surviennent en pleines tensions dans la région exacerbées par les invectives entre l'Iran et les Etats-Unis et les sabotages de navires au large des Emirats arabes unis le 12 mai ainsi que les attaques au drone contre un oléoduc le 14 mai en Arabie saoudite, revendiquées par les rebelles au Yémen.
Les Etats-Unis ont en outre envoyé des renforts militaires dans la région, en évoquant des "menaces" iraniennes.
Les relations entre Washington et Téhéran, des ennemis jurés, sont au plus bas depuis le retrait unilatéral en 2018 de l'administration de Donald Trump de l'accord international sur le nucléaire iranien. Washington a ensuite renforcé les sanctions économiques contre Téhéran et inscrit les Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime iranien, sur sa liste noire d'"organisations terroristes".
Durant les sommets arabe et du CCG, le roi Salmane, à la tête du premier exportateur de pétrole au monde, s'est livré à de violentes charges contre l'Iran accusé "d'actions criminelles", d'ingérences dans les affaires de ses voisins et de menaces contre l'approvisionnement en pétrole du marché mondial.
Dans son communiqué final, le sommet du CCG a exprimé sa solidarité avec Ryad et renouvelé son "appui à la stratégie américaine à l'égard de l'Iran y compris en ce qui concerne ses programmes nucléaire et balistique, ses activités de déstabilisation, son soutien au terrorisme (...) et aux activités hostiles des Houthis" au Yémen.
"User de tous les moyens"
Devant le sommet arabe, le roi Salmane a appelé à "user de tous les moyens" pour dissuader l'Iran, pays producteur de pétrole et membre de l'Opep comme plusieurs autres pays du Golfe.
Le communiqué final du sommet arabe a consacré dix de ses onze points à dénoncer les "ingérences" de l'Iran, son "comportent menaçant", son soutien aux rebelles Houthis et ses "menaces" contre le trafic maritime. L'Irak qui a des relations étroites avec l'Iran, n'a pas approuvé ce communiqué.
A Téhéran, le porte-parole des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, a accusé l'Arabie saoudite de "continuer de semer la division entre les pays musulmans et dans la région, ce qui est le souhait du régime sioniste (Israël, NDLR)".
"Nous voyons dans les tentatives de l'Arabie saoudite de mobiliser les pays voisins et arabes contre l'Iran le prolongement des tentatives futiles de l'Amérique et du régime sioniste", a-t-il ajouté.
Avant les rencontres à La Mecque, le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton, perçu comme le principal instigateur de la politique américaine d'extrême fermeté face à l'Iran, avait déclaré que ce pays était très vraisemblablement derrière les actes de sabotage du 12 mai.
L'Iran avait rejeté comme "risibles" ces accusations.
Le Qatar présent
Malgré la rupture entre le Qatar et l'Arabie saoudite, le premier ministre qatari, cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani, a participé aux réunions de la Mecque.
C'est le premier responsable qatari de ce rang à se rendre dans le royaume saoudien depuis que Ryad et trois de ses alliés (Emirats, Bahreïn et Egypte) ont rompu en juin 2017 avec le Qatar, accusé de soutenir des groupes extrémistes et à qui ils reprochaient son rapprochement de l'Iran. Doha a nié soutenir des extrémistes.
Les Etats-Unis, alliés à la fois de Ryad et de Doha, ont salué la participation du Qatar. Washington a tenté plusieurs médiations pour régler cette crise qui nuit à sa stratégie d'isolement de l'Iran.
Il n'était pas clair dans l'immédiat si le déplacement du Premier ministre pourrait être un début de dégel entre Ryad et Doha.
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