Cette admission marque une rupture de la part du milliardaire américain qui s'est jusqu'ici toujours efforcé de minimiser l'impact de l'interférence de Moscou dans la campagne, lors de laquelle il affrontait la démocrate Hillary Clinton.
"Russie, Russie, Russie! C'est tout ce qu'on entendait au début de cette chasse aux sorcières. Et aujourd'hui la Russie a disparu parce que je n'avais rien à voir avec le fait que la Russie m'aide à être élu", a-t-il tweeté, suscitant la stupeur à Washington.
Moins d'une heure plus tard, depuis les jardins de la Maison Blanche, il se rétractait. "Non, la Russie ne m'a pas fait élire", lançait-il, avant de s'envoler pour la Colorado.
"Vous savez qui m'a fait élire ? Je me suis fait élire", ajoutait le 45e président des Etats-Unis qui avait suscité un tollé au sein de son propre camp lorsqu'il avait, lors d'une conférence de presse à Helsinki avec Vladimir Poutine, semblé accorder plus de valeur aux propos de son homologue russe qu'aux conclusions des agences de renseignement américaines sur ce sujet explosif.
Ces déclarations contradictoires interviennent au lendemain de la première déclaration publique du procureur spécial Robert Mueller chargé de l'enquête russe.
Dans un discours d'une dizaine de minutes, l'ancien patron de la police fédérale (FBI) a redit qu'il n'avait pas rassemblé "de preuves" d'une entente entre Moscou et l'équipe du candidat Trump.
Mais il a aussi pris soin de souligner qu'il ne pouvait pas exonérer le président des soupçons d'entrave à la justice. "Si nous avions eu la conviction que le président n'avait clairement pas commis de délit, nous l'aurions dit", a-t-il lancé.
Le procureur spécial, un homme austère qui a mené ses investigations à l'écart des regards, a souhaité que son intervention publique mette un point final à son travail. Alors que les parlementaires démocrates ont évoqué l'idée de l'auditionner, il a "espéré" ne pas avoir à le faire.
"Je ne fournirai pas plus d'informations que ce qui est public si je devais témoigner au Congrès", a-t-il déclaré, renvoyant vers son rapport d'enquête, qui "parle de lui-même".
"Gigantesque harcèlement présidentiel"
Pour Donald Trump, l'affaire est close.
"Pour moi, c'est identique au rapport (...) C'est ce que nous disons: il n'y a pas d'obstruction, pas de collusion, il n'y a rien, rien si ce n'est une chasse aux sorcières", a-t-il martelé.
Interrogé sur le professionnalisme de M. Mueller, il a directement mis en doute son intégrité: "C'est quelqu'un qui n'aime pas Donald Trump".
Si l'allocution de M. Mueller n'a pas apporté d'éléments véritablement nouveaux, elle a relancé les appels à entamer une procédure de destitution à l'encontre du milliardaire, un sujet qui divise profondément les démocrates.
Ces derniers ont la majorité à la Chambre des représentants et sont donc en mesure de lancer cette procédure d'"impeachment". Mais compte-tenu de la majorité républicaine au Sénat, elle est quasiment sûre d'échouer.
Plusieurs candidats à la primaire, dont les sénatrices Kamala Harris et Elizabeth Warren, se sont dit favorables à une initiative en ce sens.
Nombre de ténors démocrates sont cependant réticents à s'engager dans cette voie, craignant que cette bataille ne rende inaudible leur message de campagne et exaspère des électeurs, lassés des guerres politiques à Washington.
"Rien n'est exclu et personne n'est au dessus des lois", a affirmé mercredi la cheffe de la Chambre, Nancy Pelosi. Mais avant de se lancer, "on veut être sûr d'avoir un dossier en béton".
Donald Trump redoute-t-il le lancement d'une procédure de destitution ?
"Je ne vois pas comment ils pourraient faire cela", a-t-il répondu jeudi avant de monter dans l'hélicoptère présidentiel Marine One qui l'attendait sur les pelouses de la Maison Blanche.
"Toute cette affaire n'est qu'un gigantesque harcèlement présidentiel".
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