Jusqu'à son transfert mardi soir dans les locaux de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) en banlieue parisienne, Mohamed Hichem M., un Algérien de 24 ans, s'était montré peu coopératif, selon une source proche du dossier.
Plusieurs éléments du dossier étaient pourtant accablants.
L'enquête a notamment pu déterminer que "le profil génétique identifié sur les éléments de l'engin retrouvé sur les lieux de l'explosion correspond à celui du principal suspect", selon une autre source proche du dossier.
Lors des perquisitions menées au domicile familial d'Oullins, dans la proche banlieue lyonnaise, "des éléments susceptibles d'entrer dans la composition du TATP (un explosif, ndlr) ont été retrouvés", selon cette même source.
Son père, sa mère et son frère sont également en garde à vue depuis lundi.
Malgré ces premiers aveux, ses motivations restent mystérieuses. L'exploitation du matériel informatique saisi au cours des perquisitions a toutefois "mis en évidence des recherches sur internet relatives au jihad et à la fabrication d'engins explosifs".
Voulait-il tuer? Est-il radicalisé ? Les enquêteurs tentent encore d'éclaircir les raisons de son acte.
Il y a "un caractère étrange entre la disproportion d'un procédé technique très performant et un volume d'explosif très faible. Il y a de vraies incohérences dans ce dossier", avait commenté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, rappelé à l'ordre mardi par le procureur de Paris pour avoir rendu publics des éléments couverts par le secret de l'enquête.
Personnalité "très renfermée"
Le jeune homme, interpellé lundi matin à la descente d'un bus dans le 7e arrondissement de Lyon, était inconnu de la plupart de ses voisins de sa résidence d'Oullins, avalisant la piste d'une personnalité très discrète. Voire "très renfermée", comme le décrit la source proche du dossier.
"Tous les matins il partait soi-disant à son boulot. Mais on ne savait pas qu'il ne travaillait pas en fait", a admis un voisin de pallier. Seul un résident l'a décrit comme "plutôt agréable, serviable" qui "faisait du sport".
D'abord présenté comme un "étudiant en informatique", Mohamed Hichem M. était en réalité "sans activité". L'école lyonnaise où il était supposé être inscrit a précisé qu'il n'avait jamais fait partie de l'établissement. "Il y a deux ans, il s'était +désinscrit+ avant la rentrée suite au refus de la délivrance de son visa."
"Il avait des visas de court séjour et il a fait ensuite une demande de visa étudiant pour rentrer dans une école. Il n'a pas eu de visa étudiant", a confirmé de son côté M. Castaner.
Sur son profil LinkedIn, il se décrit comme "développeur", étudiant de l'université d'Oran Es-Sénia. Sur sa photo de profil, il apparaît très souriant, le visage orné de fines lunettes et d'une barbe de trois jours.
Vendredi vers 17H30, un jeune homme à vélo, avec casquette et lunettes de soleil, avait déposé devant une boulangerie d'une rue piétonne un sac en papier contenant des vis, des billes de métal, des piles, ainsi qu'un circuit imprimé et un dispositif de déclenchement à distance.
L'explosion de ce colis piégé avait suscité une forte émotion à Lyon, épargnée jusqu'à présent par les attaques jihadistes.
Les enquêteurs ont pu suivre son itinéraire à vélo grâce au croisement de la vidéosurveillance des communes de Lyon et Oullins. L'exploitation de ses données téléphoniques et des achats effectués sur Internet a également permis de remonter jusqu'à lui.
Lors de son interpellation lundi matin par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire lyonnaise, il n'a pas opposé de résistance.
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