"La cathédrale industrielle de Belfort est en train de flamber et le gouvernement attise le feu", a accusé l'intersyndicale de ce site, premier touché par ces suppressions de postes, lors d'une conférence de presse.
Selon le groupe américain, jusqu'à 792 suppressions de postes pourraient intervenir dans son entité gaz de Belfort, et 252 dans celle dédiée aux "fonctions supports".
Devant ces coupes claires, les salariés du site de production de turbines à gaz de Belfort appellent le gouvernement et les dirigeants de GE à venir les rencontrer. "Venez voir les experts pour redresser le business", a lancé Philippe Petitcolin (CFE-CGT) au nom d'une intersyndicale constituée également par la CGT et Sud Industrie.
Les syndicats n'ont pas digéré les propos du ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui jugeait la semaine dernière qu'il n'y avait "pas de débouché" pour la filière industrielle des turbines.
"Nous demandons au gouvernement de stopper ce scandale, ce carnage qui n'a d'autre but que de délocaliser l'activité hors de France et qui n'est aucunement une adaptation au marché", a insisté Philippe Petitcolin. L'intersyndicale se réserve aussi la possibilité d'appeler la semaine prochaine à des actions des salariés.
En toile de fond de cette colère: le rôle controversé joué en 2014 par Emmanuel Macron dans la vente du pôle énergie d'Alstom à GE. Alors ministre de l'Economie de François Hollande, il avait donné très officiellement son feu vert à cette vente.
Son ministère avait même souligné qu'elle avait été réalisée "avec vigilance", répondant implicitement à Arnaud Montebourg, prédécesseur d'Emmanuel Macron au ministère de l'Economie et opposé à ce projet.
Autre point sensible: un ancien conseiller d'Emmanuel Macron au ministère de l'Economie, Hugh Bailey, a été nommé en avril directeur général de GE France, se retrouvant au coeur de ces restructurations.
"Mensonge d'Etat"
D'où le feu roulant des critiques qui s'abattent désormais sur le chef de l'Etat et le gouvernement en prise avec une série de revers industriels (Ascoval, Ford Blanquefort, Whirlpool Amiens...).
Sur Twitter, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a pointé des "conséquences sociales (...) cataclysmiques".
Notant comme beaucoup d'autres que l'annonce du plan social était intervenue au surlendemain des élections européennes, le député LR Julien Aubert a évoqué "un mensonge d'État", estimant que l'on avait "bradé un joyau industriel".
Pour l'ex tête de liste LFI aux européennes, Manon Aubry, l'annonce de ce plan social "tombe opportunément après (ce scrutin) alors que Macron est le responsable direct de ce désastre et qu'un de ses proches est aux manettes du plan social".
M. Bailey, "négociateur de la vente d'Alstom à GE, est l'auteur de ce désastre industriel, annoncé 48h après les européennes! Honteux! Symbole d'une France corrompue !", a fulminé le secrétaire national du PCF et député du Nord Fabien Roussel sur Twitter.
"Honte à la France (...) parce que dans le cadre de cette vente, l'américain GE avait contracté un engagement de création de 1.000 emplois en France qui se traduit au final par la suppression de 1.050 emplois à Belfort", s'est encore indigné Bastien Faudot, conseiller départemental de Belfort (Gauche républicaine et socialiste).
Depuis Bruxelles où il participait mardi à un sommet européen, Emmanuel Macron a assuré que le gouvernement serait "extrêmement vigilant" à l'égard de GE.
Dans la foulée de l'annonce du plan social, Bruno Le Maire s'était déjà engagé à préserver "l'avenir industriel de Belfort".
L'exécutif attend de GE qu'il soit "exemplaire" à Belfort et sera "très exigeant" sur l'accompagnement des salariés, a renchéri Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie.
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