Si les Israéliens devaient retourner aussi vite aux urnes après avoir élu leur Parlement le 9 avril, ce serait une première. L'avenir de l'insubmersible M. Netanyahu, au pouvoir depuis plus de 10 ans sans discontinuer mais cerné par les enquêtes pour corruption, serait plus que jamais en question.
Israël n'en est toutefois pas encore là.
M. Netanyahu a jusqu'à mercredi minuit pour assembler une coalition gouvernementale, conformément au mandat que lui a confié le président Reuven Rivlin après les élections.
M. Rivlin a déclaré mardi qu'il laisserait M. Netanyahu utiliser tout le temps à sa disposition au regard de la loi. Il a dit espérer qu'Israël ne se retrouverait "pas dans la fâcheuse situation de devoir tenir de nouvelles élections".
Mais M. Netanyahu, triomphant dans la nuit du 9 avril, se heurte dans les négociations à un mur en la personne de son ancien ministre de la Défense, Avigdor Lieberman.
Devant l'apparente impasse, le parti de droite de M. Netanyahu, le Likoud, a initié la dissolution du Parlement (Knesset).
Les députés ont approuvé un texte en ce sens en lecture préliminaire lundi, puis en première lecture avant l'aube mardi. Une date a même été fixée provisoirement pour de nouvelles élections: le 17 septembre.
La loi devrait encore être adoptée en deuxième et troisième lectures pour que la Knesset soit dissoute. C'est réalisable d'ici à mercredi soir, mais ce n'est pas acquis.
Court-circuit politique
Le vote a toutes les apparences d'une tactique pour que le maître manoeuvrier qu'est M. Netanyahu conserve la main.
Si les pourparlers menés par M. Netanyahu échouent d'ici à mercredi soir, une prolongation du délai n'est pas exclue.
Mais le président Rivlin peut aussi donner sa chance à un autre député, une hypothèse apparemment inacceptable pour M. Netanyahu.
Risque calculé, la dissolution de la Knesset couperait l'herbe sous le pied du président.
Et Benjamin Netanyahu pourrait chercher à former un gouvernement minoritaire à l'issue d'un éventuel nouveau scrutin.
Lors d'une réunion mardi, son parti a donné son accord pour ajouter à sa liste les 4 sièges du parti de centre-droit Koulanou dirigé par le ministre des Finances, Moshe Kahlon, dans le cas de nouvelles élections, signalant qu'il est prêt pour un retour aux urnes.
Pour sortir de la crise, la liste de centre-droit du principal concurrent de M. Netanyahu aux élections d'avril, le général Benny Gantz, s'est dit prête à un gouvernement d'union avec le Likoud. Un tel gouvernement disposerait d'une confortable majorité de 70 députés sur 120.
Mais, pour le parti de M. Gantz, cela devrait être sans M. Netanyahu, éventualité semble-t-il inenvisageable pour ce dernier.
Le Likoud et ses alliés ont remporté les élections du 9 avril, déjà convoquées de manière anticipée à l'initiative de M. Netanyahu. Cette décision avait été largement interprétée comme une manoeuvre du Premier ministre pour se draper dans une fraîche légitimité avant d'affronter une possible inculpation dans trois affaires de corruption.
Après le 9 avril, M. Netanyahu, 69 ans dont 13 au pouvoir, paraissait se diriger vers un cinquième mandat et un record de longévité, à la tête d'une alliance réunissant autour du Likoud des formations de droite plus ou moins radicales et plus ou moins religieuses, et des partis ultra-orthodoxes représentant les 10% d'Israéliens observant rigoureusement les règles du judaïsme.
"Tir à vue"
Les vicissitudes judiciaires de M. Netanyahu, figure jusqu'alors dominante au point d'en paraître imbattable, l'ont cependant rendu vulnérable aux tentatives d'extorsion politique, mettent en garde les analystes depuis des mois.
Et, en effet, le Premier ministre est confronté aujourd'hui à l'intransigeance d'une autre personnalité incontournable, Avigdor Lieberman, chef du parti laïc et nationaliste Israël Beiteinou. M. Netanyahu veut pouvoir compter sur les cinq voix d'Israël Beiteinou au Parlement pour s'assurer une majorité de 65 sur 120.
M. Lieberman exige en retour l'engagement qu'une loi sur le service militaire des juifs ultra-orthodoxes serait adoptée sous le prochain gouvernement telle qu'il l'avait proposée quand il était ministre de la Défense.
Cette loi annulerait l'exemption systématique dont bénéficient des dizaines de milliers d'étudiants des écoles talmudiques.
Une telle exemption, perçue par beaucoup comme une injustice dans un pays où tous, sauf exception, sont astreints à un long service militaire, est toutefois une ligne rouge pour les partis ultra-orthodoxes, autres partenaires de M. Netanyahu.
Benjamin Netanyahu a reçu lundi le soutien sur Twitter du président américain Donald Trump. Au cours de la semaine, le gendre de M. Trump, Jared Kushner, est attendu à Jérusalem, l'une des étapes d'un voyage qui le conduit aussi au Maroc, où il a rencontré mardi le roi Mohammed VI, et en Jordanie.
Les discussions de M. Kushner ne devraient pas manquer de porter sur l'initiative diplomatique de l'administration Trump pour régler le conflit israélo-palestinien, moins d'un mois avant une conférence économique à ce sujet à Bahreïn.
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