Romancier atypique, cinéaste par passion, amoureux de la danse, l'écrivain né en août 1941 à Bruxelles avait été élu à l'Académie française en mars 2009 mais, noctambule impénitent, connu pour ses retards légendaires, il n'y fut reçu qu'en juin 2011, soit 27 mois plus tard.
François Weyergans aimait prendre son temps.
Fils de l'écrivain belge d'inspiration chrétienne Franz Weyergans, il vécut essentiellement en France, ne rejoignant sa Belgique natale que pour ses études secondaires à l'institut Saint-Boniface-Parnasse, qui fut aussi le lycée d'Hergé.
De ses origines familiales, Weyergans reconnaissait une double source d'inspiration : Tintin et les Évangiles. Sa mort, à 77 ans, semble presque un clin d'œil aux lecteurs du journal Tintin dont le slogan était "le journal des jeunes de 7 à 77 ans".
Le ministre français de la Culture Franck Riester a salué un auteur à l'"écriture libre" qui "maniait les mots avec humour et finesse".
Formé à l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, devenu la Fémis), chroniqueur aux Cahiers du cinéma, François Weyergans est l'auteur de plusieurs films dont l'un consacré à son ami Maurice Béjart.
Son long-métrage "Un film sur quelqu'un" avait été sélectionné en 1972 à la Mostra de Venise.
Troquant la caméra pour la plume, il se fait remarquer dès son premier roman intitulé "Le pitre" (1973), une peinture sarcastique de son analyse auprès de Jacques Lacan. Le livre est récompensé par le prix Roger Nimier.
Se faire désirer
En 1981, son roman "Macaire le Copte" est consacré par le prix des Deux-Magots.
Il racontait qu'il n'écrivait que la nuit.
Ses romans sont quasiment tous couronnés de succès. En 1983, "Le radeau de la méduse" reçoit le prix Méridien des quatre jurys; en 1992, il obtient le prix Renaudot pour "La démence du boxeur"
Parmi ses œuvres les plus connues, on se souvient de "La vie d'un bébé" dont le narrateur est un fœtus dans le ventre de sa mère ("un livre qui continue d'être offert aux femmes enceintes", s'amusait-il), ou encore "Franz et François" où il convoquait la figure de son père et de lui-même.
Une grande partie de son œuvre avait de fait une dimension introspective. Ce sera encore le cas avec "Je suis écrivain" (1989) et une nouvelle fois avec "Trois jours chez ma mère" qui décroche le prix Goncourt en 2005 face à l'archi-favori Michel Houellebecq et son ouvrage "La possibilité d'une île".
Son dernier roman, "Royal romance", remontait à 2012, sept ans après son Goncourt.
"Ils ne sont pas nombreux, les écrivains qui savent se faire désirer. C'est tout un art de créer le manque. François Weyergans est orfèvre en la matière", écrivait Frédéric Beigbeder dans le Figaro dans sa critique consacrée à "Royal romance".
Aimant procrastiner, il n'était pas dupe pour autant. "Les critiques ne cessent de me traiter de clown. J'aime bien ça (...) Mais je suis un clown à message", déclarait-il en 1989 à la sortie de "Je suis écrivain".
Le mot qui lui avait été attribué lors de sa réception à l'Académie française était "rhéteur" soit, selon la définition de l'Académie, "celui qui enseignait l'art de la parole et qui ordinairement faisait profession de donner des règles et des préceptes d'éloquence, soit de vive voix, soit par écrit".
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