Le verdict contre Mustapha Merzoughi, 37 ans, intervient au lendemain de la condamnation à mort de trois de ses compatriotes à la peine capitale, un jugement alors inédit contre des Français en Irak, où plus de 500 étrangers membres présumés de l'EI ont déjà été jugés.
Ces verdicts pourraient relancer le débat sur l'épineuse question du retour des jihadistes dans leurs pays, qui suscite un vif rejet dans l'opinion en Europe.
Les trois Français condamnés dimanche --Kévin Gonot, Léonard Lopez et Salim Machou-- ainsi que Mustapha Merzoughi disposent de 30 jours pour faire appel, selon la loi irakienne.
Lundi, d'autres ressortissants français ont comparu: Fodil Tahar Aouidate, dont le procès a été renvoyé au 2 juin, et Vianney Ouraghi, Bilel Kabaoui et Mourad Delhomme, pour qui la prochaine audience a été fixée au 3 juin.
Douze Français au total seront jugés en Irak, après qu'ils se sont rendus ou ont été arrêtés par une alliance arabo-kurde qui les a ensuite remis à l'Irak fin janvier.
Après le triple verdict de dimanche, Paris a affirmé avoir entrepris les "démarches nécessaires" auprès de Bagdad pour rappeler l'opposition de principe de la France à la peine de mort.
"Nous ne souhaitons pas que nos concitoyens soient soumis à cette peine de mort" et "toutes les voies de recours ne sont pas épuisées", a ajouté sur la chaîne BFM TV la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.
En attendant, la justice irakienne a donc prononcé lundi une nouvelle condamnation à mort, contre Moustapha Merzoughi.
Il s'agit d'un ancien soldat de l'armée française, entre 2000 et 2010, ayant notamment servi "en Afghanistan en 2009" selon ses "aveux".
"Je demande pardon"
"Les preuves et les aveux démontrent bien que vous avez adhéré au groupe Etat islamique, que vous avez travaillé dans sa branche militaire et en conséquence vous êtes condamné à la peine de mort par pendaison, conformément à l'article 4 de la loi antiterroriste", a statué le juge.
Durant l'audience, Mustapha Merzoughi, qui s'est exprimé en arabe avec un accent tunisien avant de demander un interprète, a demandé pardon.
"Je ne suis pas coupable des crimes et des meurtres, je suis coupable d'être parti là-bas" en Syrie, a-t-il dit, avant d'ajouter: "Je demande pardon au peuple irakien, au peuple syrien, à la France et aux familles de victimes".
En France, il vivait à Toulouse (sud-ouest), d'où venaient aussi les frères Fabien et Jean-Michel Clain, qui ont revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts) avant d'être tués récemment en Syrie.
Passé par la Belgique puis le Maroc, ce Français qui se faisait appeler Abou Omrane al-Faranssi au sein de l'EI a suivi "des formations obligatoires religieuses et militaires à Mossoul" avant de se voir remettre "une Kalachnikov et un salaire mensuel de 200 dollars", a-t-il dit au juge.
Il a affirmé lors de ses interrogatoires avoir "prêté allégeance devant un chef de l'EI au visage masqué à Mossoul" parce que, a-t-il expliqué, "les chefs avaient peur d'être reconnus ou identifiés par les combattants étrangers dont ils redoutaient qu'ils soient des espions".
Lors de son audience lundi, il a toutefois nié avoir prêté allégeance à l'EI.
"Justice expéditive"
Parmi les trois Français condamnés dimanche, figure Léonard Lopez, un Parisien de 32 ans converti à l'islam qui a fait partie, au début des années 2000, des internautes les plus actifs sur le site jihadiste francophone de référence d'alors, Ansar Al-Haqq.
Son avocat français, Me Nabil Boudi, a annoncé dès dimanche interjeter appel avec son confrère irakien, et dénoncé une "justice expéditive".
"On condamne à la peine capitale un ressortissant français, sur la base uniquement d'interrogatoires dans des geôles à Bagdad", a-t-il dit, contacté par l'AFP à Paris. "Le ministère des Affaires étrangères nous avait pourtant garanti que les Français auraient droit à un procès équitable".
Des défenseurs des droits humains ont dénoncé ces derniers mois "de vrais risques de torture" et "aucune garantie pour des procès équitables" en Irak, 12e pays le plus corrompu au monde selon Transparency International.
Lundi, Fodil Tahar Aouidate a affirmé avoir été frappé durant son interrogatoire pour "avouer ce qu'ils réclamaient". Le juge a ordonné un examen médical et demandé un rapport pour la prochaine audience.
Avant les verdicts de dimanche et lundi, trois Français avaient déjà été reconnus coupables d'avoir rejoint l'EI en Irak: Mélina Boughedir, 27 ans, Djamila Boutoutaou, 28 ans, et Lahcène Gueboudj, 58 ans. Tous trois ont été condamnés à la perpétuité, équivalente à 20 ans de détention en Irak.
Récemment, Bagdad, qui a déjà condamné plus de 500 étrangers de l'EI -hommes et femmes dont jusqu'ici aucun n'a été exécuté-, s'est proposé de juger également le millier d'autres aux mains des Kurdes en Syrie. En échange de deux milliards de dollars, réclamés à leurs pays d'origine.
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