Pour ce deuxième voyage au Japon, il sera le premier dirigeant étranger à rencontrer le nouvel empereur Naruhito, monté sur le trône du Chrysanthème le 1er mai, après l'abdication de son père Akihito, un signe des liens forts noués par les deux pays autrefois ennemis.
A Washington comme à Tokyo, on vante aussi une relation personnelle "sans précédent" entre M. Trump et le Premier ministre Shinzo Abe. Les deux hommes ne manqueront d'ailleurs pas de faire une partie de golf, leur passion commune.
Le point d'orgue de cette visite d'Etat doit être la rencontre lundi entre le président américain et l'empereur, ainsi que le banquet donné le soir au palais impérial.
Les autres dirigeants devront attendre des festivités organisées en octobre pour avoir cet honneur. Cela "démontre que l'alliance avec les Etats-Unis n'a jamais été aussi forte", a souligné un haut responsable de l'administration Trump, sous couvert d'anonymat.
Mais ce moment historique ne devrait probablement surpasser que de peu le spectacle de Donald Trump assistant à un tournoi de sumo dimanche, dans l'arène de Ryogoku Kokugikan.
Progamme "sur mesure"
C'est une rencontre peu commune qui se prépare entre l'inclassable président américain, peu soucieux des codes et usages, et l'ancienne lutte japonaise sacrée, figée dans des traditions plus que millénaires. Il remettra dimanche une toute spéciale "Coupe Trump" au vainqueur.
La présence de Donald Trump dans l'immense enceinte de plus de 10.000 places sera aussi un casse-tête logistique et de sécurité sans précédent nécessitant des aménagements qui font froncer quelques sourcils dans le monde des aficionados du sumo.
La fameuse partie de golf est programmée avant le sumo, et le tout sera suivi d'un dîner avec les épouses du président et du Premier ministre dans le quartier animé de Roppongi, dans un restaurant connu pour ses pièces de boeuf haut de gamme.
La séquence officielle diplomatique du voyage se limite à une brève réunion bilatérale avec un déjeuner de travail lundi, après quoi les deux dirigeants parleront aux médias.
MM. Trump et Abe prévoient également de rencontrer les familles de Japonais enlevés dans les années 1970 et 1980 par la Corée du Nord dans le but d'en faire des formateurs d'espions nord-coréens. Shinzo Abe, pour qui ce sujet est d'une grande importance en politique intérieure, avait demandé à Donald Trump de soulever cette question dans ses discussions avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Enfin, ils doivent visiter mardi la base navale commune de Yokosuka.
En pleines tensions avec la Chine et avec l'Iran, le voyage est ainsi taillé sur mesure pour démontrer que Donald Trump "s'y connaît en politique étrangère et a bien des amis", résume Robert Guttman, de l'université Johns Hopkins.
Et le commerce ?
Mais des tensions pourraient néanmoins émerger sur le vrai sujet qui anime actuellement les relations bilatérales: le commerce.
Si Donald Trump a reporté de six mois l'imposition de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures japonaises et européennes, il a également déclaré que la dépendance des Etats-Unis envers l'industrie automobile étrangère représentait une menace pour la sécurité nationale américaine - ce qui n'a pas manqué d'irriter les géants comme Toyota.
Depuis qu'il est au pouvoir, Donald Trump secoue la diplomatie mondiale avec notamment une politique économique agressive, même à l'encontre des plus vieux alliés des Etats-Unis, afin de protéger l'industrie américaine.
Prenant le contre-pied de la Chine ou de l'Union européenne, plus offensifs, Tokyo se fait conciliant dans l'espoir de décrocher un accord plus favorable. La stratégie de Shinzo Abe, qui a beaucoup misé sur sa relation personnelle avec l'imprévisible dirigeant américain, semble jusqu'à présent être couronnée de succès.
Des discussions sont attendues samedi entre le ministre japonais de l'Economie, Toshimitsu Motegi, et le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer mais un accord est peu probable, d'après des responsables cités dans la presse.
M. Abe et sa femme Akie s'étaient rendus en avril à la Maison Blanche. Donald Trump doit lui retourner au Japon seulement quatre semaines après cette visite, pour le sommet du G20 à Osaka fin juin.
"Trois visites, dans les deux sens, en une courte période de temps, c'est vraiment emblématique de la proximité de la relation", a commenté un haut responsable de l'administration américaine, ajoutant que les deux dirigeants s'étaient parlé plus de quarante fois ces deux dernières années.
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