"A partir du moment où on tente une expérience nouvelle, tout le monde n'est pas ouvert à cette expérience, tout le monde n'est pas sensible à mon regard, au regard que je porte sur les autres. Ça ne me dérange pas. Ce que je vois, et ce que j'aime voir n'est pas aimable ou appréciable pour tout le monde. Heureusement, ce serait désastreux sinon", s'est défendu le réalisateur français, au lendemain de la projection de son film en compétition officielle.
"La chose plus importante pour moi était de célébrer la vie, l'amour, le désir, le pain, la musique, le corps et de tenter une expérience cinématographique la plus libre possible (...) J'ai essayé de montrer ce qui me fait vibrer moi", a dit le cinéaste.
Le malaise a grimpé d'un cran lorsqu'il a été interrogé sur l'enquête dont il fait l'objet après une plainte déposée en octobre 2018 par une femme de 29 ans qui l'accuse d'agression sexuelle. "Je trouve votre question déplacée et imbécile. On est dans un festival de cinéma, on parle de cinéma (...) Je ne suis pas au courant d'une quelconque enquête, j'ai la conscience tranquille au niveau des lois", a-t-il répondu.
La nuit précédente, sur les coups de 01H30, Abdellatif Kechiche, sans attendre la réaction du public et manifestement ému et embarrassé, avait quitté la salle précipitamment après avoir délivré ces quelques mots: "Je m'excuse de vous avoir retenus sans vous prévenir et voilà... je m'en vais".
"Il se trouve que c'est mon éducation, je m'excuse de retenir les gens dans une salle et d'attirer l'attention sur moi", a-t-il argué vendredi, entouré d'une partie des acteurs du film à l'exception d'Ophélie Bau, qui joue l'un des personnages principaux, actuellement en tournage sur un autre film.
Expérience radicale
Six ans après la Palme d'or puis la controverse autour de "La vie d'Adèle", le réalisateur français secoue la Croisette avec son 7e long métrage, une expérience de 3h28 radicale jusqu'à l'overdose, dont les trois quarts se déroulent en boîte de nuit, avec en point d'orgue une scène très crue de cunnilingus de 13 minutes aux toilettes. Au point que plusieurs spectateurs sont sortis en cours de projection.
"Pas de générique, pas de réelle narration. Une intro sur un cul, des plans sur des culs. Et encore. Une discussion sur les culs. D'autres culs. Et on finit sur un cul. Plage. Boîte. Cunni. Boîte. Fin. J'adore le cinéma de Kechiche mais là, j'ai pas suivi...", a déploré le réalisateur Thibaut Buccellatto sur Twitter.
"Pour toi public, j'ai compté tous les plans qui montrent des culs dans #MektoubMyLoveIntermezzo : il y en a 178. Si on les enlève, je pense que le film dure 20 minutes", a tweeté la journaliste Anaïs Bordages.
D'autres critiques ont adoré, comme Stéphanie Belpêche (JDD), qui salue "une ode à la liberté du corps féminin (...) Oui les fesses se trémoussent et la scène de sexe dure 13mn mais la virtuosité de la mise en scène l'emporte".
Le caractère très cru de l'oeuvre n'est pas une surprise de la part d'un cinéaste qui avait déjà marqué les esprits avec une scène de sexe de huit minutes dans "La Vie d'Adèle" et une autre torride en ouverture de "Mektoub my Love: canto uno".
Suite de cet opus, "Intermezzo" reprend les personnages principaux: une bande de jeunes à Sète. Mais là où le premier allait d'un lieu à l'autre, alternant scènes de jour et de nuit, le second se déroule presque exclusivement dans une discothèque. Et cette fois la caméra s'attarde à haute dose sur les courbes des filles, leurs fesses en particulier.
"Mektoub My Love: Intermezzo" se révèle être une expérience de cinéma éprouvante, qui laisse le spectateur groggy.
En 2013, "La Vie d'Adèle", Palme d'or, avait déjà suscité une polémique, sur les conditions de tournage du film.
Léa Seydoux avait notamment dénoncé des conditions de tournage "horribles", tandis qu'Adèle Exarchopoulos, alors âgée de 19 ans, avait parlé de "dix journées entières à tourner" la très longue scène de sexe du film.
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