Un signe des liens forts noués par les deux pays autrefois ennemis qui a aussi valeur d'avertissement pour la Chine, à laquelle il s'agit de montrer que les Américains ne sont pas seuls en Asie.
Des tensions pourraient néanmoins émerger lors de discussions commerciales avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Si Donald Trump a reporté de six mois l'imposition de droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures japonaises et européennes, il a également déclaré que la dépendance des Etats-Unis envers l'industrie automobile étrangère représentait une menace pour la sécurité nationale américaine --ce qui n'a pas manqué d'irriter les géants comme Toyota.
Mais dès l'arrivée de M. Trump et de sa femme Melania au Japon samedi, l'accent devrait être mis sur le positif.
Le point d'orgue de cette visite d'Etat doit être la rencontre lundi entre le président américain et l'empereur Naruhito, ainsi que le banquet donné le soir au palais impérial.
Il s'agira de la première entrevue entre un chef d'Etat étranger et l'empereur Naruhito depuis que ce dernier est monté sur le trône du Chrysanthème le 30 avril, après l'abdication de son père Akihito. Les autres dirigeants devront attendre des festivités organisées en octobre pour avoir cet honneur.
Cela "démontre que l'alliance avec les Etats-Unis n'a jamais été aussi forte", a souligné un haut responsable de l'administration Trump, sous couvert d'anonymat.
Tournoi de sumo
Mais ce moment historique ne devrait probablement surpasser que de peu le spectacle de Donald Trump assistant à un tournoi de sumo dimanche, dans l'arène de Ryogoku Kokugikan.
Selon le journal Asahi Shimbun, le président américain devrait remettre au vainqueur un trophée opportunément surnommé la "coupe Trump".
Les détails sur l'organisation de l'événement, comme l'emplacement où sera assis le milliardaire dans ce lieu où les traditions prévalent ou encore la distance à laquelle ses agents de sécurité le laisseront approcher les lutteurs, constitue un véritable casse-tête.
La rencontre entre MM. Trump et Abe, qui doivent visiter mardi la base navale conjointe de Yokosuka, ne devrait pas être faite que de travail: ces deux amateurs de golf devraient jouer une partie dans la préfecture de Chiba.
En pleines tensions avec la Chine et avec l'Iran, le voyage est ainsi fait sur-mesure pour démontrer que Donald Trump "s'y connaît en politique étrangère et a bien des amis", estime Robert Guttman, de l'université Johns Hopkins.
Relation personnelle
Depuis qu'il est au pouvoir, Donald Trump secoue la diplomatie mondiale avec notamment une politique économique agressive, même à l'encontre des plus vieux alliés des Etats-Unis, afin de protéger l'industrie américaine.
Mais la stratégie de Shinzo Abe, qui a beaucoup misé sur sa relation personnelle avec l'imprévisible dirigeant américain, a été couronnée de succès.
M. Abe et sa femme Akie se sont rendus en avril à la Maison Blanche --un voyage qui, selon des responsables américains, a réaffirmé l'alliance américano-japonaise comme "la pierre angulaire de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans la région indo-pacifique et dans le monde".
Donald Trump doit retourner au Japon seulement quatre semaines après cette visite, pour le sommet du G20 à Osaka fin juin. Il a prévu également d'aller en Corée du Sud pour discuter de la dénucléarisation nord-coréenne.
"Trois visites, dans les deux sens, en une courte période de temps, c'est vraiment emblématique de la proximité de la relation", a commenté le responsable de l'administration américaine, ajoutant que les deux dirigeants s'étaient parlés plus de quarante fois ces deux dernières années. "C'est sans précédent."
Seul pays à avoir été victime des armes atomiques des Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, le Japon est aujourd'hui un maillon important des bases militaires américaines et dépend de Washington pour se protéger de la menace des missiles nord-coréens.
Et alors que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine s'intensifie, Washington pourrait tirer de son histoire avec le Japon une leçon d'optimisme.
Dans les années 1980, c'est le Japon qui effrayait entreprises et responsables américains. "Si vous repensez à 1989, le Japon prenait le dessus sur les Etats-Unis et, aujourd'hui, le Japon n'est plus jamais mentionné", note Robert Guttman. "Dans vingt ans, qui ce sera-t-il?"
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