Seule mesure emblématique annoncée jeudi, l'arrêt définitif du projet Montagne d'Or en Guyane, qui prévoyait une immense mine d'or à ciel ouvert, devenu un point de fixation des défenseurs de l'environnement. "Le projet Montagne d'Or ne se fera pas", a tranché le ministre de la Transition écologique François de Rugy.
Aux critiques sur "l'opportunisme politique" de la tenue de cette réunion à l'Elysée, le Premier ministre Edouard Philippe a répliqué que ce Conseil était "de la grande politique avec un grand P". "Nous en parlons, ils (les opposants) nous critiquent. Nous n'en parlerions pas, on nous critiquerait", a-t-il ajouté.
L'environnement est devenu l'un des principaux sujets de bataille à l'approche du scrutin de dimanche, pour lequel la liste de la majorité présidentielle est désormais devancée par celle du Rassemblement national, avec un écart de 0,5 à deux points, selon les derniers sondages.
En ouvrant le CDE en présence de 13 ministres, Emmanuel Macron a affirmé que, "sur l'écologie, le temps n'est plus à la parole", mais à celui "des "décisions très concrètes".
Plus de deux heures plus tard, Edouard Philippe a assuré: "nous devons aller plus vite et plus loin" en matière d'écologie mais "sans renoncer à notre ambition de produire davantage de richesses en France".
"Ce Conseil de défense ne sert à rien d'autre qu'à brasser de l'air", a immédiatement dénoncé Greenpeace. "Le gouvernement radote" car il n'a annoncé "aucune mesure chiffrée ni aucune politique structurante" et seulement rappelé des engagements déjà connus tout en menant un "double discours", selon l'ONG.
Outre l'arrêt du projet "Montagne d'Or", François de Rugy a expliqué qu'une réforme du Code minier imposant des contraintes environnementales aux projets miniers devrait être présentée en décembre.
"Encore une réunion pour rien!", a réagi Jean-Luc Mélenchon, pour lequel "Macron pense que tous les problèmes se règlent avec des coups de com".
"Incompatibilité"
François de Rugy a aussi annoncé la mise en place d'un observatoire de l'artificialisation des sols en vue d'un calendrier pour aller vers le "zéro artificialisation" et le lancement d'études pour la consigne des emballages plastiques et aluminium.
Le gouvernement va également mettre en oeuvre une "démarche de budget vert" en évaluant ses décisions budgétaires au regard des engagements environnementaux. Selon lui, le "déficit d'investissement verts" est de l'ordre de 20 milliards d'euros par an.
"Nous voulons faire en sorte que l'impact de nos décisions budgétaires soit systématiquement passé au crible de nos engagements internationaux en matière de préservation du climat" et "pour chaque mesure déterminer quelle est l'efficacité ou non de la dépense publique", a-t-il ajouté.
Edouard Philippe a en outre annoncé de nouveaux prêts de la Banque des territoires aux collectivités à hauteur de trois milliards d'euros pour financer des projets de mobilité du quotidien et une hausse d'un milliard d'euros des prêts dédiés à la rénovation énergétique des logements sociaux.
"Ratisser des voix"
Annoncé le 25 avril dans le cadre des mesures post-Grand débat, le CDE, présenté comme "l'outil décisionnel ultime", se réunira de nouveau à la mi-juillet, a indiqué Edouard Philippe.
Emmanuel Macron est régulièrement accusé par ses détracteurs de tenir de grands discours sur l'écologie, ponctués de slogans comme son "Make our planet great again", mais sans qu'ils soient suivis d'effets.
LREM a placé la transition écologique parmi les priorités de son programme pour les Européennes qu'elle aborde avec quelques "prises de guerre" arrachées au camp écologiste, comme Pascal Canfin et Pascal Durand.
Mais les écologistes accusent le chef de l'Etat de jouer l'opportunisme politique en "verdissant" la liste de la majorité.
"Le président Macron a décidé ces dernières semaines de devenir écolo", a fustigé Yannick Jadot, tête de liste EELV, accusant le chef de l'Etat de vouloir "ratisser les voix" de sa formation, mercredi soir sur France 2.
Avant les derniers meetings vendredi soir, un ultime débat télévisé réunira jeudi soir sur BFMTV onze têtes de liste. Celui de la veille sur France 2 a réuni quelque deux millions de téléspectateurs.
Selon un sondage Ipsos publié jeudi, le RN et LREM sont en hausse, respectivement à 24% et 23,5%.
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