"Cette enquête vise nos articles sur les affaires d'Alexandre Benalla, notamment nos informations sur le profil d'un sous-officier de l'armée de l'air, Chokri Wakrim, compagnon de l'ex-cheffe de la sécurité de Matignon, Marie-Elodie Poitout", écrit le directeur de la rédaction Luc Bronner dans un éditorial mercredi.
Chokri Wakrim était lié par un contrat de protection rapprochée avec un homme d'affaires russe, qui a conduit à l'ouverture d'une enquête pour "corruption", rappelle-t-il.
Le quotidien fait allusion à l'enquête menée depuis plusieurs années par le parquet national financier sur les activités d'un oligarque russe, Iskander Makhmoudov, relancée après la révélation de ce contrat par Mediapart, selon des sources proches du dossier.
Ariane Chemin est convoquée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d'une enquête ouverte pour "révélation de l'identité d'un membre des unités des forces spéciales", délit prévu par l'article 413-14 du code pénal, a précisé une source judiciaire. La liste des unités militaires concernées a été fixée par un arrêté du 20 octobre 2016.
Cette nouvelle enquête ouverte par le parquet de Paris fait donc suite à la plainte déposée mi-avril par Chokri Wakrim, selon des sources concordantes. Après les révélations de Libération deux jours plus tôt, Ariane Chemin avait publié à son tour un article le 8 février sur les liens du couple Wakrim-Poitout avec Alexandre Benalla.
Elle y décrivait M. Wakrim comme "un sous-officier de l'armée de l'air de 34 ans, qui a occupé un poste de comptable au commandement des opérations spéciales, lequel gère les unités d'élite engagées dans des opérations militaires".
"Nous maintenons évidemment nos informations et exprimons notre inquiétude sur cette convocation : l'intérêt public suppose de pouvoir enquêter sur les entourages et les liens entretenus par des collaborateurs de l'Elysée ou de Matignon, quels que soient leurs parcours antérieurs", s'inquiète le directeur du journal dans son éditorial.
Il estime que cette convocation "sous le statut d'une audition libre, est d'autant plus préoccupante qu'elle suit une procédure similaire, utilisée très récemment à l'encontre d'autres journalistes".
Mi-mai, trois journalistes ayant enquêté sur l'exportation d'armes françaises utilisées au Yémen - les deux fondateurs du nouveau média en ligne Disclose et un journaliste de Radio France - ont été convoqués par les services secrets français, et ont dénoncé une "tentative d'intimidation".
Un quatrième journaliste, travaillant pour Disclose, est convoqué par la DGSI le 28 mai comme témoin dans cette enquête ouverte, elle, pour "compromission du secret de la défense nationale", a annoncé Disclose mercredi.
ONG et syndicats de journalistes ont condamné ces convocations, estimant qu'elles constituaient une atteinte à la liberté de la presse.
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