Pas d'issue en vue face à l'escalade. A chaque refus de l'administration Trump de coopérer avec leurs enquêtes parlementaires, les démocrates annoncent une nouvelle initiative: recours en justice, rare procédure de sanction, nouvelle convocation.
Avec une stratégie en tête chez les chefs démocrates: constituer un dossier assez solide pour décider de la suite, en évitant d'ouvrir dès maintenant une procédure explosive de destitution qui risquerait de diviser le pays à l'orée de la présidentielle de 2020.
Mais chaque refus de la Maison Blanche donne aussi de nouveaux arguments à ceux appelant à engager une telle procédure contre le milliardaire... et leurs voix se font de plus en plus bruyantes.
En convoquant Hope Hicks le 19 juin devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants, les démocrates --qui disposent de vastes pouvoirs d'investigation grâce à leur majorité-- ont frappé dans le cercle proche du président.
Longtemps fidèle entre les fidèles de Donald Trump, la jeune femme avait rejoint très tôt sa campagne électorale avant d'être nommée directrice de la communication de la Maison Blanche. Elle a démissionné en mars 2018.
Soupçonnant le milliardaire "d'entrave à la justice" et "d'autres abus de pouvoir", les démocrates estiment que Hope Hicks, 30 ans, est un témoin clé car elle a travaillé "de près avec le président".
Ils ont également convoqué une autre ex-employée de la Maison Blanche, Annie Donaldson, pour être interrogée le 24 juin.
Elle était chef de cabinet de l'ancien conseiller juridique de la Maison Blanche Don McGahn, qui a justement défié mardi matin --sur demande de l'exécutif-- leur convocation pour une audition.
Face à la chaise vide de M. McGahn, les démocrates de la commission ont menacé d'aller devant les tribunaux pour le forcer à se présenter.
"Nous forcerons ce président à nous rendre des comptes", a aussi affirmé Jerry Nadler, chef démocrate de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, avant de lire plusieurs extraits du rapport du procureur spécial Robert Mueller, qui a mené la vaste enquête russe.
Débat sur une destitution
Dans son rapport final rendu partiellement public mi-avril, le procureur a expliqué n'avoir pas rassemblé de preuves d'une entente entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump pendant la présidentielle de 2016.
Il a toutefois détaillé une série de pressions exercées par le président sur son enquête, à commencer par une tentative de le limoger, bloquée par Don McGahn. D'où l'intérêt des démocrates à parler à ce dernier.
Pour la Maison Blanche, l'opposition se livre à un véritable "harcèlement" à but politique.
Le rapport Mueller a conclu qu'il n'y avait "pas de collusion et pas d'entrave", a encore tweeté M. Trump mardi soir, rappelant qu'il avait laissé M. McGahn témoigner devant M. Mueller.
Face à ce dialogue de sourds, le débat gronde chez les démocrates: faut-il ou non ouvrir une procédure de destitution, vouée à l'échec dans un Sénat à majorité républicaine?
Etant parvenue jusqu'à présent à maintenir ses troupes en ordre, la présidente démocrate de la Chambre Nancy Pelosi doit en discuter avec son groupe parlementaire mercredi matin.
Des élus réticents jusqu'ici ont déclaré mardi que les blocages de la Maison Blanche alimentaient le dossier en faveur de l'ouverture d'une telle procédure.
A la gauche du parti, les voix pour la destitution se font entendre depuis des semaines. Sheila Jackson Lee, une élue progressiste de la Chambre, a annoncé qu'elle présenterait une résolution pour lancer la procédure d'enquête en vue d'une destitution "dans les prochaines 48 heures".
Tout en confiant qu'il n'y avait "probablement pas un démocrate qui ne sente pas dans ses tripes que (M. Trump) a probablement fait des choses qui justifient une destitution", le chef de la majorité démocrate à la Chambre Steny Hoyer avait tempéré plus tôt en réitérant que l'heure n'était pas "encore" venue pour une destitution.
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