Manque de moyens, précarisation, désorganisation, manque de concertation… Rien ne va plus à l'établissement public autonome Helen Keller au Havre (Seine-Maritime), d'après une large partie des 250 membres du personnel, qui s'est mise en grève lundi 20 mai 2019. Drapeaux syndicaux, pancartes et barbecue étaient de sortie devant cet établissement qui accueille adultes et enfants en situation de handicap. La frustration et l'épuisement ressenti ces derniers mois par le personnel des urgences, des EHPAD ou d'hôpitaux psychiatriques ont fini par gagner aussi les rangs des agents de cet établissement spécialisés. En cause : une politique globale de réduction des moyens qui devient invivable pour le personnel. "Il faut faire à moindre coût, le plus possible.", déplore Laure Michaux, accompagnante de personnes handicapées et représentante du personnel.
Une partie des revendications du personnel. - Noémie Lair
Les grévistes dénoncent un changement dans l'organisation, survenu au moment des fusions des ateliers de Bléville avec l'EPA Denis Cordonnier, puis l'IME Jules Guesde : "on nous demande de plus en plus d'écrits professionnels pour justifier notre activité, pour avoir des budgets, et on a de moins en moins de temps et de moyens humains et financiers pour accueillir dignement le public en situation de handicap.", explique François Leroux, éducateur spécialisé et représentant du personnel. Il déplore le recours, de plus en plus fréquent, à des emplois précaires, des charges de travail trop conséquentes et une dégradation des conditions de travail et d'accueil.
Établissements fragilisés
Le personnel déplore surtout une fusion "qui va trop vite", dans un contexte déjà compliqué par une gestion précédente jugée mauvaise et par les poursuites contre l'un d'anciens directeurs pour harcèlement et maltraitance. "Il s'agit de fusion d'établissements qui étaient déjà fragilisés et on veut, en plus, que ça aille très vite, mais on ne peut pas.", souligne Laure Michaux. "Si on a perdu 10 ans dans un établissement, on ne les rattrapera pas en un ou deux ans, donc il faut prendre le temps et écouter les agents sur le terrain. Tout le monde travaille, la direction aussi, mais je pense qu'il y a un rythme de travail qui n'est pas soutenable et qui met en péril l'accompagnement."
Davantage de communication
La directrice Clothilde Haritchabalet reconnaît que deux fusions en deux ans, c'est rapide, et que cela demande à chaque fois une réorganisation. Elle souligne néanmoins qu'il était important de repartir sur de nouvelles bases : "La problématique est d'arriver à trouver le juste équilibre entre les actions à mettre en œuvre pour pouvoir refonder de bonnes bases et le temps de la réparation. L'enjeu va être de réinstaurer une communication et une écoute, pour faire comprendre à tous que l'EPA Helen Keller, c'est nous tous. C'est en étant unis qu'on réussira à construire l'établissement de demain."
Elle a d'ores et déjà annoncé vouloir rencontrer les syndicats, au moins une fois par semaine, pour travailler en commun et laisser sa porte ouverte à toute discussion. Deux vagues de concours vont également être organisées d'ici la fin de l'année, pour permettre la résorption des contractuels. Cela concernera huit à dix postes disponibles à chaque session.
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