Le week-end a été rythmé par un tir de barrage concerté de la majorité contre le Rassemblement national, accusé d'être le cheval de Troie des plans de Trump et Poutine pour affaiblir l'Europe. Pour preuve, selon la Macronie, la présence à Paris de Steve Bannon, le sulfureux ex-stratège du président américain, qui a enchaîné les interviews avec les médias français pour encenser Marine Le Pen.
L'affaire a continué à agiter le monde politique lundi. Steve Bannon n'a "aucun rôle dans la campagne" du Rassemblement national, a assuré Mme Le Pen. Laquelle "n'a pas besoin de mon aide pour gagner" et réussir "un des plus grands retours de l'histoire", a complété l'ancien conseiller du président américain.
Depuis des mois, LREM et RN sont au coude-à-coude dans les sondages, avec désormais un léger avantage au RN, loin devant Les Républicains et les partis de gauche, plus divisés que jamais.
Dans le camp présidentiel, l'alerte rouge est décrétée. Une victoire dimanche du parti de Marine Le Pen, comme en 2014, serait vécu comme un échec personnel pour Emmanuel Macron qui n'a cessé de dramatiser l'affrontement entre "progressistes" et "nationalistes".
Pour conjurer cette perspective, le chef de l'Etat donne lundi une interview aux grands groupes de la presse quotidienne régionale qui doit être publiée dès lundi soir sur internet.
Sans appeler directement à voter pour les Marcheurs, il souhaite mobiliser l'électorat en "rappelant les apports concrets de l'Europe pour les citoyens, notamment français", a expliqué son entourage, notamment en matière sociale, d'environnement, de sécurité, économique et de lutte contre le terrorisme.
Il souhaite aussi de nouveau lancer une mise en garde contre le risque d'une "déconstruction du projet européen" qui n'aurait "rien d'anodin" pour les Français, ajoute l'Elysée.
Parallèlement, le chef de l'Etat continue à recevoir cette semaine des dirigeants européens pour rassembler "l'arc progressiste" qu'il espère pour soutenir ses projets de réformes de l'UE. Ce lundi il reçoit le président du Conseil européen Donald Tusk puis dîne avec le Premier ministre portugais Antonio Costa.
"Antifascisme de théâtre"
Très visible aussi dans cette dernière ligne droite, Edouard Philippe se rend lui lundi à Vesoul, avant Valenciennes mardi et Orléans jeudi. Le Premier ministre a été envoyé en première ligne par Emmanuel Macron qui a demandé au gouvernement de s'activer jusqu'au bout au soutien de la tête de liste Nathalie Loiseau.
Le RN mise, lui aussi, sur l'opposition frontale. "Votez contre Macron", peut-on lire en grosses lettres jaunes sur le tract électoral que le RN a diffusé à cinq millions d'exemplaires.
Un référendum anti-Macron, c'est aussi la ligne suivie par la France insoumise, qui dispute la quatrième place aux écologistes d'EELV derrière LR. Dimanche encore, Jean-Luc Mélenchon a appelé à mettre M. Macron "dos au mur".
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR, regrette, lui, la "mise en scène" du face-à-face annoncé entre LREM et RN ainsi que "l'antifascisme de théâtre" d'Emmanuel de Macron.
Derrière les cinq premières listes assurées de compter des eurodéputés, les autres vont tout faire pour accrocher la barre fatidique des 5%, nécessaire pour envoyer des élus au Parlement européen. En premier lieu, la liste Place Publique/Parti socialiste qui a reçu samedi le soutien tardif de François Hollande.
Signe de la tension qui monte, la majorité a demandé aux chaînes qui organisent les derniers débats de mettre en place un "dispositif antifake news en direct". Le premier rendez-vous a lieu lundi soir sur LCI et réunira quatorze têtes de liste lors de deux parties distinctes, avant deux ultimes soirées sur France 2 mercredi et sur BFMTV jeudi.
Parallèlement, les différentes listes -34 au total, un record- vont chercher à galvaniser leurs troupes lors des derniers meetings, au bout d'une campagne plutôt atone, brouillée par la crise des "gilets jaunes" et la sortie du grand débat. L'abstention, qui frôle la barre des 60% dans les sondages, sera une nouvelle fois "le premier parti de France".
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